TransCanada n'envisage plus d'installations portuaires au Québec pour transborder le pétrole venu de l'Ouest. La société pétrolière a demandé récemment des autorisations pour procéder à des tests de sols sur le parcours du pipeline envisagé par Énergie Est.

Le projet de port à Cacouna est mis de côté ; la pétrolière avait laissé entendre qu'elle cherchait toujours une solution de rechange sur le territoire québécois - on avait spéculé sur Matane, Lévis ou même Bécancour, où TransCanada a déjà des installations.

« Il n'y a aucun port en vue, ce qu'on voit [sur la demande d'études géophysiques], c'est juste le tuyau ! », a souligné le ministre de l'Environnement, David Heurtel, dans une entrevue accordée à La Presse.

Faisant le bilan de ses interventions depuis le début de l'année, il s'est défendu d'être en conflit avec plusieurs groupes environnementaux. Des lettres ou courriels, après un reportage qui le disait en rupture avec sa clientèle, sont venus le rassurer dans les derniers jours.

À preuve, un courriel de la Fondation David Suzuki lui indiquant qu'une fausse impression s'était dégagée d'une rencontre de groupes environnementaux. Le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement, qui représente 16 organismes, a en effet écrit la semaine dernière au premier ministre Couillard pour appuyer le ministre Heurtel : « Il serait opportun de maintenir le titulaire actuel au poste de ministre en lutte contre le changement climatique. » Vivre en Ville et Initiative Boréale ont aussi soutenu par écrit le ministre Heurtel.

Ce dernier est exaspéré. Lors de son rappel de ses interventions, il a avoué ne pas comprendre la campagne négative concernant son travail. « C'est pas vrai, avec Greenpeace et Nature Québec, on a eu des échanges plus difficiles, mais il ne faut pas généraliser », a-t-il lancé. Les organisations Greenpeace et Équiterre sont restées muettes après une réunion des ONG à Val-Morin, où les relations avec le ministre Heurtel ont été abordées.

Cacouna

Bien sûr, il reconnaît que le parcours n'est pas parfait.

« Cacouna, je l'ai échappé ! Mais est-ce que je dois payer toute ma vie pour ça ? »

Le ministère de l'Environnement avait, mal informé, donné le feu vert à TransCanada pour des travaux dans une pouponnière de bélugas.

Coincé, le ministre Heurtel avait fait porter le blâme à ses fonctionnaires. Il a été mis en lumière depuis que l'évaluation avait été confiée à un professionnel qui n'avait pas l'expérience requise pour se pencher sur un enjeu d'une telle importance.

M. Heurtel se défend bien de ralentir les dossiers économiques de ses collègues. « Depuis six mois, on a donné le feu vert à Mine Arnaud, à la ligne Chamouchouane-Bout-de-l'Île, ce sont deux projets majeurs, des milliers d'emplois en cause. » Si d'autres projets sont enlisés à cause de l'Environnement, « je demande à savoir lesquels », a dit M. Heurtel.

Même le dossier controversé du rôle du BAPE, pour l'agrandissement du Port de Québec, n'est pas en cause. « On va agir de façon concomitante avec l'étude fédérale, ce n'est pas du ralentissement. On est en collaboration pour justement ne rien ralentir ! », a-t-il résumé.

En ce qui concerne la protection du territoire, il rappelle avoir donné le feu vert à 36 réserves naturelles et mis en place une aire protégée de 4400 km2. Au sujet de la consigne, il a bon espoir d'arriver avec un projet ficelé à la fin de l'été ou au début de l'automne.

Livre vert

La semaine dernière, dans un livre vert déposé à l'Assemblée nationale, M. Heurtel a soumis une première revue en profondeur du régime d'autorisation environnementale. Le document a été salué par les deux organisations municipales de même que par la Fédération des chambres de commerce. Encore une fois, Greenpeace et Équiterre étaient absents.

« Je leur ai demandé leur avis en consultation, ils ne sont pas venus. Je ne suis pas sorti publiquement pour les critiquer. »

Dans son bilan de la session parlementaire, le premier ministre Couillard a relevé l'avancée que présentait ce livre vert, précise M. Heurtel.

Il souligne avoir dû « travailler très fort » avant qu'on puisse annoncer l'adhésion de l'Ontario à la Bourse du carbone. En Oregon et dans l'État de Washington, des projets de loi sont déjà au menu. « Dans les six derniers mois, j'ai rencontré seul à seul quatre gouverneurs américains pour discuter des changements climatiques ! Ce n'est pas souvent qu'un ministre a des rencontres d'un tel niveau ! », a rappelé M. Heurtel.