Enbridge devra attendra au moins jusqu'au début de 2015 avant d'inverser le flux dans son oléoduc 9B. L'Office national de l'énergie (ONE) donne raison au maire de Montréal, qui s'inquiétait au sujet du respect de certaines conditions imposées au projet, et exige de l'entreprise qu'elle améliore certaines mesures de sécurité.

À quelques jours à peine de la remise en service prévue de l'oléoduc, l'ONE «vient de déclarer qu'Enbridge ne respecte pas les exigences» fixées par l'une des 30 conditions qu'il lui avait imposées en mars. Celle-ci concerne l'obligation faite à la société d'installer des vannes dans l'oléoduc aux principaux points de franchissement des cours d'eau afin d'arrêter automatiquement l'écoulement du pétrole lors d'une situation d'urgence.

Insatisfaite des mesures prévues par l'entreprise, l'ONE a «donné instruction à Enbridge de lui soumettre de nouveaux documents concernant la condition 16, au moins 90 jours avant de présenter une demande d'autorisation pour la mise en service de l'oléoduc. [...] La société ne sera pas autorisée à exploiter cet oléoduc tant que l'Office ne sera pas convaincu que ces exigences ont été respectées», a écrit le président de l'ONE, Peter Watson, dans une lettre publiée hier dans La Presse.

L'entreprise albertaine, qui prévoyait remettre en service son oléoduc vers le 15 octobre, a confirmé à La Presse qu'il lui sera impossible de le faire dans le temps requis. «Il est trop tôt pour spéculer sur une date, mais c'est certain qu'il y a un délai additionnel qui s'ajoute à la date de mise en service qui était prévue à la mi-octobre, début novembre», a indiqué un porte-parole d'Enbridge, Éric Prud'homme.

Ce délai d'au moins 90 jours imposé par l'ONE reporte minimalement au début de 2015 la remise en service de l'oléoduc. Reste aussi à voir combien de temps Enbridge prendra pour remettre les nouveaux documents exigés. L'entreprise dit d'ailleurs devoir rencontrer l'Office afin de «confirmer quels renseignements sont requis de [sa] part». L'ONE devra ensuite accorder une autorisation finale, ce qui ajoutera un autre délai.

Coderre « satisfait »

Le maire de Montréal s'est dit «satisfait et rassuré» par cette prise de position de l'Office. «Notre comité de vigilance a été extrêmement efficace», s'est félicité Denis Coderre. C'est lui qui, en tant que président de la Communauté métropolitaine de Montréal, avait fait sonner l'alarme au début du mois de septembre parce qu'il s'inquiétait du non-respect de certaines conditions imposées à Enbridge.

Remerciant le maire pour sa vigilance, l'ONE s'est engagé «à informer la Communauté métropolitaine de Montréal des progrès d'Enbridge pour se conformer aux conditions. Il prendra aussi en considération les observations du maire Coderre lors de l'examen des documents qu'Enbridge lui fera parvenir sur ces questions».

Le ministre québécois des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a souligné «la détermination du président de l'ONE à faire respecter des règles très strictes sur des questions de sécurité».

Rappelons que le projet d'inversion prévoit d'acheminer du pétrole de l'Ouest canadien et des États-Unis vers les raffineries du Québec et de l'Ontario en inversant le flux dans l'oléoduc 9B.

Par ailleurs, quatre femmes se sont enchaînées hier à l'entrée des installations de la pétrolière Suncor de Montréal-Est, afin de protester contre l'inversion du flux de l'oléoduc. «Il y aura toujours des gens qui seront pour et des gens qui seront contre, a commenté Pierre Arcand. L'objectif du Québec, c'est d'avoir moins d'hydrocarbures dans la consommation générale, mais on a besoin d'hydrocarbures dans les prochaines années, tout le monde le sait.»

- Avec Martin Croteau