L'archevêque de Naples, le cardinal Crescenzio Sepe, et les évêques des régions du sud de l'Italie où la mafia locale a enfoui des tonnes de déchets hautement toxiques ont supplié les autorités de prendre des mesures urgentes pour mettre fin à cette situation, qu'ils considèrent comme un «véritable drame humanitaire».

«Agissez rapidement. Nous appelons les autorités à intervenir et à faire preuve de décision afin de mettre fin à l'augmentation de l'angoisse, des craintes et des maladies», ont écrit les prélats dans une lettre ouverte au président Giorgio Napolitano, envoyée vendredi et publiée samedi sur les sites internet des médias italiens.

La mafia locale, la Camorra, a brûlé et enfoui illégalement depuis des décennies des millions de tonnes de déchets dans les zones rurales de la Campanie, mais l'ampleur du problème n'a été révélée que récemment, suscitant l'indignation de la population qui exige des mesures du gouvernement.

L'enfouissement des déchets, notamment industriels, a empoisonné la terre et les nappes phréatiques et entraîné une hausse importante du nombre de cancers.

«Même si les quelques mesures déjà prises étaient nécessaires et importantes, on discute encore de quelle autre mesure devant être prise», déplorent  les prélats.

En décembre, le gouvernement du premier ministre Enrico Letta a adopté un décret déclarant que brûler les déchets est illégal. Mais selon des associations, il faut encore identifier et purifier les sources d'eau et les terres empoisonnées dans les régions de Naples et de Caserte, et à cet égard, l'action des pouvoirs publics est insuffisante.

Dénonçant un «véritable drame humanitaire», les signataires demandent des  opérations de nettoyage, des contrôles médicaux et la mise sous séquestre des terrains pollués.

«Trop de personnes payent le prix de l'arrogance, de l'incivilité, de l'avidité et de la stupidité de criminels, qui sans se soucier même de leurs propres enfants, n'ont pas hésité à vendre leurs terres à des gens aussi malhonnêtes qu'eux, l'empoisonnant avec des déchets hautement toxiques et dangereux», s'indignent les prélats.

Selon l'association de protection de l'environnement Legambiente, 10 millions de tonnes de déchets industriels ont été brûlées ou enfouies entre 1991 et 2013 dans cette zone, baptisée «triangle de la mort».

Selon l'institut national d'oncologie Pascale, le nombre de tumeurs a augmenté de 40% chez les femmes de la région, de 47% chez les hommes. De nombreux enfants sont morts, comme on peut le constater dans les cimetières locaux.