La justice russe a décidé mercredi de remettre en liberté cinq autres militants de Greenpeace arrêtés en septembre, dont le capitaine du navire de l'ONG, portant à 17 le nombre de militants devant être libérés sous caution.

Depuis le début des audiences lundi à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), où les 30 membres d'équipage de l'Arctic Sunrise ont récemment été transférés après avoir d'abord été incarcérés à Mourmansk, un port russe sur la mer de Barents, un seul militant, l'Australien Colin Russell, a vu sa détention provisoire prolongée de trois mois, jusqu'au 24 février.

Mercredi, après avoir déjà décidé de la libération sous caution de douze militants, la justice a pris une décision similaire pour le capitaine américain de l'Arctic Sunrise, Peter Willcox, les Néerlandais Faïza Oulahsen et Mannes Ubels, et les Britanniques Alexandra Harris et Kieron Bryan.

Ils doivent chacun verser une caution de 2 millions de roubles (un peu plus de 64 000 $) avant d'être libérés.

Des avocats de Greenpeace, qui a annoncé que l'ONG paierait les cautions, ont précisé qu'il restait des «questions bureaucratiques» à régler et qu'ils ne s'attendaient pas à ce que les militants soient relâchés avant le week-end.

Les conditions qui leur seront imposées après leur libération, notamment la question de leur liberté de mouvement, restent floues.

Selon la législation russe, ils pourraient aussi bien être assignés à résidence, par exemple dans un hôtel, ou restreints dans leurs déplacements à la ville de Saint-Pétersbourg.

Il est très peu probable qu'ils puissent quitter la Russie en attendant leur procès.

Les poursuites ne sont pas levées

Réagissant à ces annonces, Greenpeace a indiqué sur son compte Twitter se réjouir, tout en soulignant que l'affaire «n'est pas finie».

«Les détenus ne seront pas libres tant qu'ils ne seront pas rentrés à la maison auprès de leur famille», a souligné Greenpeace dans un communiqué.

«Ils sont toujours inculpés d'au moins un crime très grave et, s'ils sont condamnés, risquent des années de prison», a poursuivi l'ONG écologiste.

Les 30 membres de l'équipage ont été inculpés de «piraterie», puis, fin octobre, de «hooliganisme». Leur navire avait été arraisonné en septembre par un commando héliporté après une action contre une plate-forme pétrolière du géant russe Gazprom dans l'Arctique.

Il n'a pas été clairement dit si la première accusation, passible de 15 ans de prison maximum, avait été levée, la seconde pouvant quant à elle entraîner une peine allant jusqu'à sept ans.

Le traitement réservé à l'Australien Colin Russell, technicien radio, maintenu en détention, a par ailleurs soulevé de nombreuses questions.

L'ambassadeur d'Australie en Russie, Paul Myler, a indiqué sur Twitter qu'il se rendait au ministère russe des Affaires étrangères à Moscou pour demander des explications.

«On ne comprend pas pourquoi un technicien radio est traité différemment du reste de l'équipage», a-t-il écrit.

Remerciements aux soutiens

Lors de l'audience mercredi, la Néerlandaise Faïza Oulahsen a tenu à remercier ceux qui soutenaient de par le monde les 30 membres d'équipage de l'Arctic Sunrise.

«À tous ceux qui appellent à notre libération, je vous remercie énormément, vous nous avez donné de l'espoir, vous nous avez donné de la force», a-t-elle dit.

Interrogée dans la salle d'audience sur ce qu'elle comptait faire quand elle retrouverait la liberté, la jeune femme a répondu : «Je vais manger un bon plat et appeler ma famille, car je ne leur ai pas parlé depuis plus de deux mois».

«Je vais profiter du fait que je vais pouvoir marcher plus de trois verges (environ 3 mètres, NDLR), pas comme dans la cellule, et d'un peu d'air frais», a-t-elle ajouté, selon un communiqué de Greenpeace.

Plusieurs audiences étaient encore prévues mercredi, et l'ensemble des détenus de Greenpeace doivent être fixés sur leur sort d'ici au 24 novembre, fin des deux mois de détention provisoire prononcés en septembre.

Par ailleurs, le tribunal international du droit de la mer, qui siège à Hambourg, en Allemagne, doit rendre sa décision vendredi sur l'affaire. Cette juridiction des Nations unies, compétente pour régler les litiges maritimes, a été saisie par les Pays-Bas, l'Arctic Sunrise battant pavillon néerlandais.