Les tremblements de terre les plus violents de par le monde provoquent des réactions sismiques sur les sites américains d'extraction de gaz ou de pétrole où de l'eau sous pression est injectée dans le sol, selon une étude parue jeudi.

Par exemple, le séisme de magnitude 9 au Japon en 2011 a provoqué par ricochet une série de petits tremblements de terre dans la ville de Snyder, au Texas (sud des États-Unis), tout près du champ pétrolifère de Cogdell. Le point culminant a été un séisme de magnitude 4,5 six mois après la catastrophe au Japon, selon l'étude parue dans le journal Science.

De la même manière, des secousses modérées ont été enregistrées près du puits d'injection de Prague, dans l'Oklahoma (sud), après un séisme de magnitude 8,8 au Chili en 2010.

Une activité sismique inhabituelle a touché cette région 16 heures après le tremblement de terre du Chili, avec notamment une secousse de magnitude 4,1. Cette activité s'est poursuivie jusqu'à un séisme de magnitude 5,7 en novembre 2011, ont indiqué les chercheurs de l'Université de Columbia.

Le gros tremblement de terre chilien a également connu des répercussions dans le Colorado (ouest), à Trinidad, dans une zone d'exploitation d'un puits de méthane où de l'eau est réinjectée dans le sol. Là, un séisme de magnitude 5, a été enregistré en août 2011.

«Nous n'étions pas très sûrs de nous jusqu'à ce que nous trouvions le même genre de petites irruptions sismiques après la diffusion de vagues sismiques issues de tremblements de terre majeurs», a expliqué à l'AFP l'auteur principal de l'étude, Nicholas van der Elst, de l'Université de Columbia.

«Chaque cas individuel pourrait être une coïncidence, mais quand vous commencez à observer de façon systématique, on peut dire avec plus de certitude qu'il y a réellement une relation de cause à effet», a-t-il ajouté.

Cette recherche permet d'expliquer la nette augmentation de l'activité sismique au centre des États-Unis, qui a explosé ces dernières années. Ainsi, selon le magazine Science, 300 séismes de magnitude 3,0 ou plus ont été enregistrés au centre des États-Unis entre 2010 et 2012, alors qu'il y en avait seulement 21 par an en moyenne entre 1967 et 2000.

Cet accroissement spectaculaire coïncide avec le développement de l'exploitation du gaz de schiste, où d'importantes quantités de fluides sont utilisées pour fracturer la roche en sous-sol et permettre au gaz de s'échapper pour être récupéré. Par la suite, une fois que le gaz ou le pétrole a ainsi été récolté, les eaux usées sont souvent réinjectées dans le sous-sol.

Les scientifiques savent depuis longtemps que d'importants séismes peuvent avoir des répercussions sur des régions éloignées, mais cette nouvelle étude fait naître de nouvelles questions sur la manière de gérer les risques de tremblements de terre associés avec l'exploitation de gaz ou de pétrole.

«Si le nombre de tremblements de terre modérés augmente, cela pourrait indiquer que la pression augmente de manière dangereuse sur les failles sousterraines et qu'un séisme plus important pourrait bientôt se produire», met en garde la coauteur de l'étude Heather Savage.