Les forages pétroliers à Anticosti devront être autorisés au même titre que les puits de gaz de schiste, indique le gouvernement du Québec, qui réaffirme du même souffle son intérêt pour la ressource pétrolière.

Le gouvernement a dû réagir, hier, au dépôt d'une requête en jugement déclaratoire par le Centre québécois en droit de l'environnement (CQDE).

«On demande à la Cour supérieure de confirmer le plus rapidement possible que les travaux de forage et de fracturation sont assujettis à une demande de permis», a affirmé hier matin, en conférence de presse, Me Michel Bélanger, vice-président du CQDE.

Me Bélanger estime que le gouvernement avait jusqu'ici laissé planer un flou sur l'application aux projets de forage à Anticosti des règles adoptées en juin 2011 dans la foulée de la controverse sur le gaz de schiste.

Le CQDE rappelle que Junex et Petrolia ont annoncé publiquement, au cours des derniers mois, qu'ils prévoyaient de faire des forages à Anticosti cet été, y compris par fracturation.

Hier, la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a reconnu qu'il est nécessaire de demander des permis. «Lorsqu'il y a des forages, il y a des permis qui sont exigés par le ministère des Ressources naturelles (MRN). Et lorsqu'il y a de la fracturation, il y a un permis de complétion qui est exigé de la part du MRN, et un certificat d'autorisation qui est exigé par le ministère de l'Environnement.» Elle assure que cette exigence sera respectée.

La démarche judiciaire du CQDE n'empêchera pas l'exploration pétrolière à Anticosti, prévient de son côté le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet.

«Notre gouvernement a clairement dit qu'il voulait aller de l'avant avec l'exploration. Cette démarche, qui veut empêcher cela, n'aura pas beaucoup de succès», a-t-il dit.

Pour mieux connaître les gisements de l'île, il est nécessaire de faire ces forages, explique le ministre. Mais il insiste sur le fait que ces forages bénéficieront d'un encadrement «rigoureux et serré».

Junex n'a pas voulu répondre à nos questions. Le patron de Petrolia, André Proulx, accuse quant à lui le CQDE de lui faire «un procès d'intention». «On va faire les demandes et on va respecter la réglementation et on va faire les demandes en temps et lieu, dans les délais nécessaires. Je ne pense pas qu'on commence les forages cet été. On n'a pas encore fait le choix des emplacements de forage. Je pense que c'est plus réaliste de parler de l'automne», a-t-il indiqué.

Outre ces deux entreprises, la procédure vise le ministre Blanchet. «Les textes sont très clairs, mais on ne sent pas la volonté politique de les appliquer», affirme Me Bélanger.

M. Blanchet assure qu'il fera respecter les lois et règlements.

Le CQDE allègue par ailleurs que des forages ont été faits à Anticosti sans que des permis «n'aient été demandés ni octroyés». «Ça sort d'un chapeau pour moi», répond M. Blanchet. Il a donc déjà demandé à son cabinet de lui fournir toute l'information au sujet des forages à Anticosti, pour s'assurer que les règles ont été et continueront d'être appliquées.

Le CQDE affirme ne «pas prendre position» par rapport à la filière pétrolière. Mais si on exploite l'or noir, cela devra se faire «dans le respect des citoyens», souligne Me Bélanger. «Malheureusement, on est en train de répéter les erreurs du dossier du gaz de schiste. On s'en va dans un mur.»