L'industrie canadienne de l'énergie insiste sur le fait qu'elle n'a aucune intention d'inverser le flux d'un oléoduc qui transporte du pétrole brut du Maine vers Montréal, mais cela n'a pas réussi à rassurer ni les villes de la Nouvelle-Angleterre qui s'opposent à cette idée ni les 18 membres du Congrès américain qui réclament une évaluation environnementale complète.

Des écologistes des États-Unis et du Canada ont commencé à tirer la sonnette d'alarme, il y a plusieurs mois, à propos du pétrole des sables bitumineux qui serait transporté à travers le nord de la Nouvelle-Angleterre.

L'oléoduc entre Portland et Montréal fait transiter du brut provenant des pétroliers amarrés à Portland, dans le Maine, vers l'est du Canada, qui importe la majorité de son pétrole. Mais alors que l'industrie énergétique canadienne tente de déterminer comment tirer profit de la nouvelle technologie leur permettant d'exploiter les vastes réserves albertaines, elle envisage déjà des moyens de l'envoyer vers l'Est et, craignent les opposants, via l'oléoduc de Portland.

Ces opposants affirment que le pétrole albertain serait plus dangereux puisqu'il est plus épais et plus corrosif que le brut traditionnel que l'oléoduc transporte d'habitude, faisant augmenter les risques de fuites et d'un désastre environnemental. Il s'agit du même type de pétrole qui circulerait à travers le prolongement controversé de l'oléoduc Keystone, dans le Centre et l'Ouest des États-Unis.

Les inquiétudes quant à la viabilité du projet sont d'ailleurs observables au sein même de l'industrie, alors que la compagnie de Calgary, Enbridge Pipelines, est déjà à l'oeuvre pour inverser le flux d'un autre oléoduc entre l'Ontario et Montréal, appelé Ligne 9, pour transporter du pétrole de l'Ouest canadien aux raffineries québécoises.

Enbridge nie d'ailleurs avoir quelque intention que ce soit pour l'oléoduc Portland-Montréal.

«Nous n'avons pas d'implication avec cette entreprise ou cet oléoduc; ... le fait que nous renversons le flux de la Ligne 9 vers les raffineries du Québec n'a aucun lien avec l'oléoduc Portland-Montréal, ou le transport de quelque produit que ce soit vers la côte américaine ou Portland», a déclaré Graham White, un porte-parole d'Enbridge.

L'imbroglio en Nouvelle-Angleterre est une partie moins visible du débat plus vaste à propos des moyens pour transporter le pétrole brut de l'Ouest canadien. Cette question est également partie intégrante du projet Keystone XL, qui passerait à travers plusieurs États du Centre et de l'Ouest américains et enverrait le pétrole albertain vers les raffineries texanes le long du golfe du Mexique.

En plus des craintes de déversements, les écologistes estiment que la consommation du pétrole des sables bitumineux entraîne un dégagement supplémentaire de gaz à effet de serre.

Le dossier du pétrole de la Nouvelle-Angleterre a attiré l'attention de membres du Congrès américain, tous des démocrates, en plus d'un indépendant, et ce jusqu'en Arizona, qui ont demandé au secrétaire d'État John Kerry d'exiger une étude d'impact environnemental détaillée si l'entreprise Portland Pipeline décide d'inverser le flux de son oléoduc.