Le gouvernement Harper a emboîté le pas à l'administration Obama, lundi, en imposant des normes d'émissions plus strictes aux constructeurs de camions lourds.

C'est la dernière d'une série d'annonces en matière d'environnement au cours des derniers jours. Elle survient près de deux semaines après que l'ambassadeur américain au Canada eut déclaré que l'intérêt renouvelé de Washington pour la lutte comtre les changements climatiques aurait un impact sur le Canada. Plusieurs ont interprété cette déclaration comme une critique des efforts d'Ottawa.

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) des camions, fourgonnettes, semi-remorques et autobus de l'année-modèle 2018 devront avoir diminué de 23% par rapport à leur taux actuel.

Le premier tour de vis aura lieu l'an prochain.

Au total, la mesure permettra d'éviter l'émission de 19,1 tonnes de GES en cinq ans.

La mesure est calquée sur celle qu'ont déjà adoptée les États-Unis.

Les nouvelles normes feront d'une pierre deux coups, souligne le ministre de l'Environnement, Peter Kent. Les émissions canadiennes de GES diminueront et les consommateurs économiseront en coûts de carburant.

«À titre d'exemple, le conducteur d'un semi-remorque de l'année-modèle 2018 économisera jusqu'à 8000$ par année en frais de carburant», a illustré le ministre Kent dans un communiqué.

Les nouvelles normes risquent de faire augmenter le prix des véhicules, mais les économies de carburant permettront de combler la différence en moins d'un an, calcule Ottawa.

Le gouvernement Harper s'est retiré du protocole de Kyoto, qui imposait au Canada de réduire ses émissions de GES de 6% par rapport au taux de 1990. Il s'est plutôt fixé une cible moins ambitieuse de les réduire de 20% par rapport au taux de 2005 d'ici à 2020.

Pour atteindre cet objectif, Ottawa mise sur une stratégie dite «sectorielle». Le fédéral a ainsi commencé à imposer des cibles d'émissions plus contraignantes aux secteurs industriels les plus polluants.

Jusqu'ici, le gouvernement conservateur a adopté de nouvelles normes dans la production d'électricité et dans les transports. Il compte s'attaquer ensuite à la production de pétrole et de gaz. L'industrie des sables bitumineux est déjà responsable de 7% des émissions canadiennes et la production de cette ressource est appelée à doubler, voire à tripler, dans les prochaines décennies.

Pour l'heure, le Canada semble en voie de rater son objectif de réduction des GES. Une estimation publiée il y a 10 jours prévoit que, si la tendance se maintient, le Canada émettra 720 mégatonnes en 2020, alors que sa cible est de 607 mégatonnes. Le pays a émis 740 mégatonnes en 2005.

Dans son discours sur l'état de l'Union, il y a deux semaines, Barack Obama a fait de la lutte contre les changements climatiques une priorité. Il a prévenu le Sénat et la Chambre des représentants qu'ils devront accepter des solutions fondées sur le marché pour s'attaquer au problème, faute de quoi il utilisera ses pouvoirs exécutifs.

Au lendemain du discours, l'émissaire de Washington à Ottawa, David Jacobson, a estimé que l'appel du président devrait aussi être vu comme un défi pour le gouvernement canadien.

Le gouvernement Harper dénonce depuis plusieurs mois la proposition du Nouveau Parti démocratique d'implanter un marché du carbone. Il s'est aussi vivement opposé à l'instauration d'une taxe sur le carbone, proposée par l'ancien chef libéral, Stéphane Dion.

Plus de détails à venir.

Émissions canadiennes de gaz à effet de serre, par secteur industriel (2010)

Transports : 166 mt

Pétrole et gaz : 154 mt

Électricité : 99 mt

Immeubles : 79 mt

Agriculture : 69 mt

Déchets : 50 mt

Autres industries : 75 mt

Total : 692 mégatonnes