La nature qui verdit le grand Montréal n'est pas seulement agréable à visiter ou à admirer. Elle aurait une valeur économique faramineuse, conclut un nouveau rapport de la Fondation David Suzuki.

Les «services» offerts chaque année par les écosystèmes de la région valent environ 4,3 milliards, selon le document que La Presse a obtenu.

Pour la première fois, les chercheurs du groupe écologiste se sont penchés sur la valeur économique de la nature montréalaise. «Depuis une dizaine d'années, des études sont réalisées pour tenter d'attribuer une valeur» aux services écologiques, a expliqué Karel Mayrand, grand patron de l'organisme au Québec. Les chercheurs mandatés par la Fondation Suzuki se sont basés sur leur travail afin de faire leurs propres calculs pour la métropole québécoise et 200 municipalités qui l'entourent. La zone étudiée va jusqu'à Saint-Jean-sur-Richelieu et Saint-Hyacinthe. Un bon tronçon du fleuve Saint-Laurent est aussi inclus.

L'«approvisionnement en eau» et les services de «loisirs et tourisme» dont profitent les Montréalais ont ainsi été évalués. Le premier vaudrait 427 millions par année, alors que la valeur du second se chiffre à 1,07 milliard pour la même période.

La protection qu'offrent les écosystèmes contre les crues et les inondations est beaucoup moins pesante sur le plan économique, même si elle «évite des dépenses de protection et de remplacement pour des infrastructures endommagées». Elle vaudrait environ 165 millions, selon la Fondation Suzuki, mais pourrait grimper en valeur au cours des prochaines années en raison des changements climatiques.

L'un des objectifs de cette curieuse étude est de pouvoir parler d'égal à égal avec ceux qui veulent empiéter sur la nature dans le grand Montréal.

Problème économique

«Le problème qu'on a en ce moment, c'est que par défaut, c'est la valeur zéro qui est appliquée», a déploré l'écologiste. Un milieu humide en banlieue de Montréal ne vaut rien jusqu'à ce qu'il soit remblayé et prêt à accueillir un développement immobilier, a-t-il expliqué.

M. Mayrand a ajouté que «le problème vient du fait que notre économie ne considère aucunement la valeur des écosystèmes». L'étude vise donc à rendre visibles les bienfaits qu'ils apportent.

«Ultimement, cette évaluation monétaire de la nature pourra être utilisée dans des processus de prise de décision publique afin d'aménager le territoire», ont écrit les auteurs de l'étude.

La Fondation ne cherche pas du tout à faciliter la commercialisation de la nature, a assuré son directeur général.