La Coalition avenir Québec (CAQ) a peut-être reçu des écologistes la pire note de leur bulletin environnemental, mais elle reste le seul grand parti à les appuyer dans leur lutte contre le projet de minicentrale hydroélectrique à Val-Jalbert.

Le projet, appuyé par les libéraux et la première ministre Pauline Marois, est mauvais à la fois pour l'environnement et l'économie, soutient le caquiste François Bonnardel. «Ça n'a pas de sens, ce n'est absolument pas du développement durable», lance-t-il.

En exploitant la rivière Ouiatchouan, on «détruit» un joyau touristique du Lac-Saint-Jean, qui plus est pour une centrale qui «ne tient pas la route» économiquement, soutient-il.

On prévoit que le coût de production de l'électricité égalera le prix de vente estimé (8,6 cents/kWh) au lancement du projet. Il n'y a donc pas de profit. L'électricité n'est pas destinée à l'exportation et n'est pas utile non plus pour le marché intérieur puisque «Hydro-Québec prévoit être en surplus jusqu'en 2027», rappelle M. Bonnardel.

Il y a deux semaines, Mme Marois a exprimé le souhait que le projet «chemine sans délai». Elle a insisté sur son importance pour l'économie jeannoise - on prévoit y injecter 59 millions de dollars et y créer 164 emplois. «Sur 25 ans, la région devrait recevoir 72 millions de dollars avec ce projet. On est parfaitement d'accord pour aider les régions, mais ce n'est pas Hydro-Québec qui doit le faire. Hydro-Québec n'est pas une succursale d'Investissement Québec», dit M. Bonnardel. Et Investissement Québec n'aurait pas construit de barrage, ajoute-t-il.

Le parti dénonce un volet de la Stratégie énergétique du Québec 2006-2015, qui dit que la justification des mini-centrales «n'est pas liée au besoin du Québec en électricité, mais plutôt à la volonté gouvernementale de soutenir le développement régional par le biais d'achat d'électricité ».

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, s'est défendue hier en disant que le projet avait déjà été autorisé par le précédent gouvernement libéral. «Elle avait pourtant le raisonnement contraire avec la centrale nucléaire Gentilly-2», rappelle M. Bonnardel. Les libéraux avaient en effet annoncé en 2008 la réfection de Gentilly-2, projet qui a été suspendu pour faire des études économiques et environnementales. À son arrivée au pouvoir, le Parti québécois avait annoncé la fermeture de Gentilly-2. Malgré les quelque 900 millions déjà investis dans la réfection, le projet demeurait économiquement non viable, avaient conclu Hydro-Québec et Mme Ouellet.

Québec solidaire s'y oppose aussi

Québec solidaire se réjouit de la position de la CAQ. Le mois dernier, son député Amir Khadir a parrainé une pétition pour stopper le projet de minicentrale. En plus des arguments économiques, le député de Mercier soutient que la chute, comme le village historique de Val-Jalbert tout près, a une valeur patrimoniale qui doit être préservée. Sa position va dans le sens de celle de la Coalition pour la sauvegarde de la chute Ouiatchouan, qui propose l'écotourisme pour stimuler l'économie régionale.Québec solidaire rappelle que, en 2002, le gouvernement péquiste était plus soucieux de l'environnement. Il avait décrété un moratoire sur les minicentrales hydroélectriques.