Le chef indien brésilien Raoni, ardent et célèbre défenseur de la forêt amazonienne, a plaidé mardi au Parlement européen à Strasbourg pour que l'Europe intervienne auprès du gouvernement brésilien pour empêcher un projet de barrage hydroélectrique géant.

«J'aimerais vous demander, à vous les Européens, de parler de ce problème avec le gouvernement brésilien, de lui faire passer un message pour qu'il nous respecte en tant que peuple indigène», a déclaré lors d'une conférence de presse au Parlement européen le chef amérindien, qui arborait une coiffe à plumes jaunes et son fameux plateau labial.

Raoni, devenu mondialement célèbre à la fin des années 1980 pour son action écologique aux côtés du chanteur Sting, effectue actuellement une tournée en Europe qui l'a mené en France, en Allemagne, en Suisse et aux Pays-Bas. Sa déclaration survient alors que la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, entame mardi une visite d'État de 48 heures en France.

Les autorités brésiliennes «veulent nos terres, elles veulent nous détruire et je suis vraiment très inquiet pour notre peuple», a ajouté Raoni, qui serait âgé de 82 ans.

En travaux depuis juin 2011, le barrage de Belo Monte, au coeur de l'Amazonie, sera le troisième plus grand au monde, après celui des Trois Gorges en Chine, et celui d'Itaipu, dans le sud du Brésil. Ce projet de 14,4 milliards de dollars est dénoncé par les associations de protection de l'environnement, notamment car il va contraindre les communautés aux alentours à changer leur mode de vie.

Présente aux côtés de Raoni, l'eurodéputée écologiste et ancienne candidate à la présidentielle française Eva Joly a souligné que «ce qui se passe au Brésil nous concerne», car «ce sont les entreprises européennes qui obtiennent des marchés là-bas». Le groupe français Alstom, notamment, a remporté en février 2011 un contrat de 500 millions d'euros (641 millions de dollars) pour fournir deux turbines de ce barrage.

Le projet Belo Monte est un «cheval de Troie», a dénoncé de son côté une autre élue écologiste française, Catherine Grèze. «On nous le vend comme un projet d'énergie renouvelable, alors que c'est la porte ouverte pour l'extraction minière et la destruction de l'Amazonie», a-t-elle ajouté.