Après Greenpeace, un deuxième groupe écologiste reproche à Produits forestiers Résolu d'avoir lancé l'exploitation d'une forêt abritant le caribou forestier, au nord du lac Saint-Jean.

Dans une lettre obtenue par La Presse, le groupe Canopy, méconnu du public mais influent dans le monde de l'édition, accuse Résolu de mauvaise foi.

Cette déclaration ébranle encore plus les fondements d'une entente historique intervenue en mai 2010 entre des groupes écologistes et l'industrie forestière.

Cette Entente sur la forêt boréale canadienne (EFBC) suspendait pour deux ans toute coupe de bois sur 28 millions d'hectares de forêt commerciale au Canada, entre autres pour protéger le caribou forestier, une espèce menacée.

Les parties devaient prendre ces deux années pour s'entendre sur des zones à conserver de manière définitive, mais la tâche a été plus ardue que prévu. Une seule zone a fait l'objet d'une entente, dans le nord-ouest de l'Ontario.

En particulier, aucune entente n'est intervenue pour protéger la zone des montagnes Blanches, au Québec, où Résolu détient trois territoires de coupe. Jeudi, Greenpeace a publié des photos montrant l'ampleur des travaux réalisés par Résolu dans les montagnes Blanches depuis le printemps dernier.

«Avec les efforts de Greenpeace pour prouver ce qui se passe sur le terrain, nous devons conclure que Resolu n'agit pas de bonne foi, affirme Amanda Carr, directrice de campagne de Canopy. L'étendue des activités forestières dans des zones qui devaient être préservées quand nous avons signé l'entente en mai 2010 est préoccupante et nuit à notre réputation à tous.»

Canopy conseille plus de 700 éditeurs de livres, de journaux et de magazines pour choisir des sources de papier plus écologiques. Plusieurs sont des clients de Résolu.

L'organisme ne quitte pas l'EFBC, comme l'a fait avec fracas Greenpeace jeudi, mais il suspend tout dialogue avec Résolu tant que les activités forestières ne sont pas arrêtées et que l'entreprise ne fait pas de «propositions valables d'aires protégées».

Deux autres groupes importants, la Société pour la nature et les parcs et l'Initiative boréale canadienne, poursuivent leur travail au sein de l'EFBC, y compris avec Résolu.

De son côté, Résolu «demeure associé [à l'EFBC]», selon son porte-parole Pierre Choquette. «Il y aura donc des occasions d'aplanir les différences dans les constats et les perceptions», dit-il. Il assure que les travaux dans les montagnes Blanches ont été faits «au vu et au su des autres membres de l'entente».

Mais selon Nicole Rycroft, directrice générale de Canopy, «Résolu est peut-être à la table, mais ses pieds sont de l'autre côté de la porte». «Ils ont violé l'esprit et l'intention de l'EFBC, dit-elle. Ils ont pris une décision unilatérale d'aller bûcher dans une zone d'une grande valeur pour la conservation. Ils l'ont fait alors que nous avons négocié pendant 30 mois précisément au sujet de cette zone.»