Le porc du Québec est plus vert que les côtelettes venues d'ailleurs. Pour le prouver, la Fédération des producteurs de porcs du Québec (FPPQ) a demandé à des firmes indépendantes d'analyser le cycle de vie de la production porcine.

La production de 1 kg de porc génère 4,16 kg de dioxyde de carbone équivalent (CO2e), ce qui revient à parcourir 13,4 km en voiture. Ce calcul tient compte de toutes les étapes de production, des céréales requises pour la moulée (49% de l'empreinte carbone est attribuable à l'alimentation) jusqu'à l'abattoir.

Seul le Danemark obtient un meilleur résultat. «Ils captent le méthane qui s'échappe du lisier pour le transformer en énergie», a expliqué hier David Boissonneault, président de la FPPQ.

L'exportation du porc de Montréal à Tokyo, par train et bateau, n'augmente que de 3,6% l'empreinte carbone. La question n'est pas théorique, puisque le porc du Québec a été exporté dans 75 pays en 2011, pour une valeur de 1,13 milliard.

Il faut 231 litres d'eau pour produire 1 kg de porc désossé - c'est deux fois moins que la moyenne mondiale, qui s'élève à 462 litres. «C'est la deuxième performance après le Brésil, a noté Ève Paré, directrice de la commercialisation et de l'économie à la FPPQ. Compte tenu de la disponibilité de la ressource, le Québec a de loin la meilleure performance.»

La production de porc au Québec exerce une pression sur la ressource en eau - particulièrement abondante chez nous - 56 fois moins importante qu'aux États-Unis, troisième producteur de porc dans le monde.

Près de 200 millions en subventions en 2012

Néanmoins, l'aide du gouvernement provincial à la production porcine coûte cher: 2 milliards depuis 2000. En 2012 seulement, 191 millions seront distribués par Québec au secteur porcin.

L'investissement est rentable, plaide la FPPQ. La filière porcine représente 25 600 emplois (en incluant la transformation), souvent en région, selon une nouvelle étude portant sur son impact économique. Sa contribution au PIB a été de 2,24 milliards en 2011. Quant à ses retombées fiscales, au provincial et au fédéral, elles totalisent 340 millions.

Les producteurs du Québec offrent de meilleures conditions de travail à leurs employés qu'ailleurs. Ils ont aussi adopté des pratiques afin de faciliter le bon voisinage, comme la plantation de haies brise-vent pour freiner les odeurs.

«Le secteur porcin a reçu beaucoup de critiques et il s'est amélioré, on ne peut pas le nier, a dit Christine Gingras, agronome et directrice générale adjointe de Nature Québec. Mais considérant les sommes investies, on pourrait lui en demander plus.» Mme Gingras a parlé à La Presse sans avoir pris connaissance de l'analyse de cycle de vie de la production porcine, qui est dévoilée aujourd'hui.

Il est à noter que depuis la fin du moratoire, en 2005, 68 certificats d'autorisation pour de nouvelles porcheries ont été délivrés par le ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP).

La FPPQ veut maintenant réaliser un rapport de responsabilité sociale pour améliorer son bilan socioéconomique. «On veut faire tomber les perceptions négatives à notre égard, a souligné M. Boissonneault. C'est aussi une belle manière de se différencier et de prendre des parts de marché.»

231 L

Il faut 231 litres d'eau pour produire 1 kg de porc désossé au Québec. La moyenne mondiale s'élève à 462 litres.

4,16 kg

La production de 1 kg de porc au Québec génère 4,16 kg de CO2e. Seul le Danemark peut dire mieux parmi les grands pays producteurs.

25 600

La filière porcine emploie 25 600 personnes. Ses retombées économiques: 2,24 milliards. Ses retombées fiscales (provincial et fédéral): près de 339 millions.

68

68 certificats d'autorisation pour de nouvelles porcheries ont été délivrés par le MDDEFP depuis 2005.

Sources: Quantis, MCE Conseils, Statistique Canada, OCO Technologies et le MDDEFP