L'administration municipale montréalaise veut rendre plus vert son parc de véhicules. Premiers gestes concrets: 12 voitures électriques et 300 sous-compactes «écoénergétiques» seront achetées dans le cadre de la Politique verte du matériel roulant, a annoncé Richard Deschamps, responsable du développement économique au comité exécutif.

La politique a été qualifiée de «peu ambitieuse» par l'opposition, qui rappelle que le parc de la Ville compte 7000 véhicules.

M. Deschamps soutient pour sa part qu'il s'agit plutôt d'une façon de «donner l'exemple» avec cette politique, qu'on appliquera de façon «évolutive et progressive» d'ici à 2015. «On n'a pas dit qu'on remplacerait tout le stock de véhicules. Nous annonçons aujourd'hui des objectifs extrêmement chiffrés et clairs.»

Surfaceuses électriques et sensibilisation

Les 12 voitures électriques seront commandées auprès de quatre constructeurs - Nissan, Mitsubishi, Toyota et Ford - et seront testées pour vérifier leur comportement dans le cadre des activités municipales. On veut mettre sur pied des projets pilotes pour l'utilisation du biométhane et du gaz naturel et former les chauffeurs à la conduite écologique, avec l'aide d'un simulateur.

On prévoit également privilégier les moteurs au diesel ou au biodiesel, qui propulseront 65 des 250 fourgonnettes de la Ville d'ici à 2015. «Lorsque le besoin s'y prête et que l'investissement est justifié», on veut acquérir des véhicules-outils électriques, notamment des surfaceuses à glace.

La politique verte comptera également un volet de sensibilisation. Montréal s'est donné comme objectif de réduire les émissions de GES de la métropole de 30% d'ici à 2020.

Il s'agit de la deuxième édition de la politique verte, après celle qui a été appliquée de 2007 à 2011. Selon le bilan de la Ville, on a remplacé 300 automobiles par des voitures moins énergivores durant ces quatre années, acquis 40 véhicules hybrides, acheté un simulateur de conduite et des balais de rue limitant l'émission de particules fines.

«Peu d'actions»

Selon le conseiller Marc-André Gadoury, de Projet Montréal, les objectifs de la politique verte manquent d'ambition et sont même basés sur de la désinformation.

«Ça ressemble à un retour vers le futur. C'est du Tremblay: beaucoup de paroles et peu d'actions. Ça ne correspond pas à ce que la Ville fait. On vient de renouveler le contrat des véhicules de service et on a choisi les plus énergivores.»

Il calcule qu'en achetant un millier de véhicules écoénergétiques chaque année, on pourrait rendre le parc de véhicules de la Ville «écoresponsable» en sept ans.

La chef de l'opposition officielle, Louise Harel, trouve l'annonce d'aujourd'hui «indéniablement intéressante» mais incomplète. «La question, c'est: "Quand aura-t-on les économies d'échelle en ce qui concerne le matériel roulant?" Avant de remplacer le parc, peut-on se donner une politique?»