L'un des scientifiques les plus alarmistes relativement aux conséquences des changements climatiques est finalement arrivé à ses fins. Il a réussi à publier, dans une prestigieuse revue scientifique, un article dans lequel il écrit que les vagues de chaleur des dernières années sont directement causées par le réchauffement de la planète.

Pour le moment, les climatologues - ceux d'Environnement Canada, par exemple - se limitent à dire que les changements climatiques augmenteront les cas de températures extrêmes. Les vagues de chaleur observées un peu partout sur la planète, comme celle qui frappe le centre des États-Unis en ce moment, sont compatibles avec cette théorie. Au cours de la dernière année, quelques chercheurs ont été plus loin et ont affirmé que ces vagues de chaleur sont «vraisemblablement» (likely) causées par le réchauffement de la planète.

Dans son étude publiée lundi dans la revue Proceedings of the National Academies of Sciences (PNAS), le climatologue James Hansen, de la NASA, affirme que «les anomalies comme celles du Texas et de l'Oklahoma en 2011 et de Moscou en 2010 sont une conséquence du réchauffement de la planète, parce que la probabilité qu'elles surviennent en l'absence du réchauffement de la planète est extrêmement petite». Selon ses calculs, les extrêmes climatiques touchent 10% de la surface de la planète depuis le début du nouveau millénaire, soit de 50 à 100 fois plus que dans les années 50 et 60.

M. Hansen avait fait les manchettes en 2006 lorsqu'il a affirmé que l'administration Bush tentait de le museler au sujet des changements climatiques (son affiliation avec l'Université Columbia, à New York, l'avait en partie protégé). L'année suivante, dans la revue Environmental Research Letters, il avait condamné la «réticence scientifique» qui empêche les scientifiques d'insister sur les effets catastrophiques potentiels des changements climatiques - dans ce cas, une hausse du niveau de la mer de plus d'un mètre d'ici le XXIIe siècle.

Signe de cette réticence, le communiqué de presse de la revue PNAS ne va pas aussi loin que M. Hansen. On se limite à y dire que «les récentes anomalies climatiques de l'été ne seraient probablement pas survenues sans le réchauffement de la planète» et que «la poursuite du réchauffement pourrait potentiellement rendre normaux des étés extrêmement chauds».

Pas tous d'accord

«Les scientifiques ne seront pas tous d'accord avec le choix de mots de Hansen», affirme Dim Coumou, climatologue à l'Institut de recherche sur les impacts climatiques de Potsdam. M. Coumou a publié le printemps dernier une étude qui conclut que les récents coups de chaleur sont «fort probablement» attribuables au réchauffement de la planète. «Il y a quelques années, les chercheurs étaient plus prudents qu'aujourd'hui. Il y avait moins de données. Hansen a utilisé une approche globale qui rend plus facile de conclure qu'il y a un lien causal entre les coups de chaleur et le réchauffement de la planète.»

Les sites «climatosceptiques» ont fait leurs choux gras de l'étude de James Hansen. Le site Wattsupwiththat, par exemple, s'indigne que l'étude ne tienne pas compte des années 30, qui ont été particulièrement chaudes, et se soit limitée à l'hémisphère nord. Pour définir les extrêmes climatiques, James Hansen a utilisé les événements correspondant à plus de trois écarts-types, qui ne surviennent que dans 0,2% des cas.