Arborant leurs coiffes en plumes colorées et leurs costumes traditionnels, des centaines d'autochtones de l'Amazonie sont arrivées à Rio aujourd'hui, en marge de la Conférence de l'ONU sur le développement durable, pour protester contre la construction d'un immense barrage hydroélectrique en pleine forêt tropicale.

Les autochtones de la douzaine de tribus touchées par le barrage Belo Monte ont formé une immense bannière humaine sur la plage du quartier Flamengo, où se déroule le sommet des Peuples.

Au centre de cette manifestation, le chef Raoni du peuple des Kayapos, figure emblématique de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne et de la culture indigène.

«On ne veut rien savoir de ce barrage qui va détruire nos rivières», s'est exclamé, furieux, le chef autochtone.

Le barrage Belo Monte, dont les travaux sont déjà en cours, sera le troisième barrage hydroélectrique du monde pour la superficie, après le barrage d'Ipaipu entre le Brésil et le Paraguay et celui des Trois-Gorges, en Chine.

On estime qu'entre 20 000 et 40 000 personnes devront être déplacées par l'inondation d'une superficie d'environ 500 km2 de territoire pour créer un réservoir.

Les études d'impacts révèlent que 80% du débit de la rivière Xingu sera dérivé de sa trajectoire naturelle, ce qui privera plusieurs tribus autochtones qui vivent aux abords de la rivière de poissons et de la possibilité de naviguer librement sur le cours d'eau.

«C'est un crime environnemental sans précédent», soutient Christian Poirier d'Amazon Watch, organisme qui a parrainé la manifestation.

Le gouvernement brésilien soutient que le barrage est essentiel pour combler la demande croissante du Brésil en énergie. Une grande partie de l'électricité produite servira aux activités minières du géant Vale ainsi qu'à la production d'aluminium.

«Il existe d'autres options comme l'énergie solaire et éolienne qui n'auraient pas ces impacts irréversibles sur l'Amazonie et les populations locales», rétorque Christian Poirier.

Une importante mobilisation internationale s'est orchestrée contre la construction de ce barrage, surtout depuis que le cinéaste canadien James Cameron en a fait une cause personnelle.

En 2011, le réalisateur du film Avatar s'est rendu en Amazonie en compagnie de Sigourney Weaver pour donner son appui aux tribus indigènes et y produire un court documentaire contre ce barrage.

Depuis, le chef Raoni a lancé sur son site web une pétition internationale en sept langues demandant à la présidente Dilma Rousseff de faire volte-face et de cesser les travaux.

11 233 MW

Le barrage de Belo Monte produira au maximum 11 233 mégawatts d'électricité. C'est quatre fois plus que ce que produisent les deux centrales Manic 5 et Manic 5-PA du barrage Daniel-Johnson.