Une semaine avant l'ouverture du Sommet de la Terre à Rio, dont l'ambition est de réinventer l'économie, un nouvel indice montre que le bien-être des habitants des pays riches coûte cher à la planète.

Le «Happy Planet Index», qui en est à sa troisième édition, place le Costa Rica au premier rang des 151 pays inclus dans l'indice. Avec une espérance de vie de 79 ans et un sentiment de bien-être évalué à 7,1 sur une échelle de 10, ce petit pays de l'Amérique centrale utilise néanmoins peu de ressources: son empreinte écologique par habitant est de 2,5 hectares.

Le Canada affiche une espérance de vie un peu plus élevée (81 ans) et un sentiment de bien-être supérieur (7,7 sur 10, pour le deuxième rang mondial). Mais comme chaque Canadien utilise 6,4 hectares, le pays se classe au 65e rang pour son indice Happy Planet.

«Nous avons créé cet indice pour souligner la tension entre la création de belles vies aujourd'hui et la création de belles vies dans l'avenir, affirme Nic Marks, créateur de l'indice et chercheur rattaché à la New Economics Foundation, en Grande-Bretagne. C'est une mesure de l'efficacité, un peu comme les milles au gallon.»

L'indice Happy Planet est obtenu grâce à la combinaison de trois mesures. L'espérance de vie à la naissance, une statistique très solide, est d'abord multipliée par l'indice de bien-être, un outil de mesure perfectionné par la grande firme de sondage Gallup depuis les années 30.

Le tout est ensuite divisé par l'empreinte écologique, une mesure proposée en 1992 par le Canadien William Rees, professeur à l'Université de Colombie-Britannique. L'empreinte vise à calculer la surface planétaire nécessaire pour fournir l'énergie et les matières utilisées par chaque habitant, ainsi que pour absorber les déchets qu'il produit.

Cette mesure de l'intensité des exigences humaines sur la planète a été perfectionnée depuis 20 ans et est de plus en plus reconnue. On sait maintenant que si chaque humain vivait comme un habitant des États-Unis, il nous faudrait cinq planètes.

Cela se reflète dans le classement Happy Planet des États-Unis: le pays figure au 105e rang sur 151.

Un indice imparfait

Bien sûr, l'indice demeure imparfait. Il ne tient notamment pas compte des droits civils. Certains résultats peuvent donc surprendre: Haïti, la Birmanie et le Yémen s'y classent mieux que le Portugal, la Belgique ou le Luxembourg.

Mais la perspective écologique change tout, estiment les auteurs du rapport Happy Planet Index 2012. «On ne peut considérer comme un succès une société qui atteint un haut niveau de bien-être aujourd'hui, mais qui consomme tellement que les ressources seront insuffisantes pour les générations futures», affirme-t-on.

William Rees estime que l'effort de Happy Planet est valable et propose une autre option que le produit national brut (PNB), qui fait toujours office de mesure ultime de la performance d'un pays. La Presse l'a joint au moment où il se préparait à se rendre à Rio.

«Le PNB est toujours l'indice dominant, et c'est un indice médiocre, dit-il. Il pourrait y avoir des catastrophes comme un tremblement de terre qu'il serait quand même en hausse.»

«Il y a des solutions de rechange qui se construisent, et Happy Planet est un pas dans cette direction. C'est d'autant plus pertinent que selon les plus récentes données, nous excédons déjà de 50% la capacité de la planète.»