En dépit d'un accord de principe sur 500 objectifs internationaux de développement durable, le monde poursuit sa course dans la direction opposée, estime le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), 10 jours avant l'ouverture du Sommet de Rio+20. Dans un imposant rapport qui passe en revue 90 de ces objectifs fixés en vue d'améliorer l'environnement et le bien-être humain, le PNUE observe un progrès significatif dans seulement 4 cas.

Pendant ce temps, dans un numéro spécial de la revue Nature, une série d'articles va dans le même sens et constate l'échec de la plupart des mesures environnementales convenues au sommet de la Terre à Rio en 1992.

En fait, le plus important progrès réalisé depuis 1992 est «dans la compréhension des manières dont la biodiversité affecte les écosystèmes et par conséquent la société», affirme une équipe de 17 chercheurs dans la revue Nature.

De ce côté, c'est la Convention sur la diversité biologique, signée à Rio en 1992, qui devait enrayer la perte d'espèces et d'écosystèmes naturels.

Écosystèmes en danger

La revue Nature estime que jusqu'ici, la convention a été un échec et souligne que 25% des mammifères, 21% des oiseaux et 30% des amphibiens sont menacés d'extinction.

Le PNUE fait le même constat: la conservation des milieux humides recule et celle des forêts stagne, au mieux. Des mesures de protection des océans se multiplient, mais peineront à lutter contre l'accélération de l'acidification et du réchauffement.

Une menace aussi étendue sur les écosystèmes naturels pourrait avoir plus d'impact sur les sociétés humaines que d'autres facteurs comme le changement climatique, estiment les chercheurs.

Des écosystèmes en panne deviennent incapables de nous rendre les services sur lesquels nous comptons, comme purifier l'eau ou absorber du carbone, ou tout simplement de fournir de la nourriture.

Le PNUE et Nature constatent également l'échec de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, signée en 1992 à Rio.

Son but, sur lequel 194 pays se sont entendus, est de stabiliser la concentration de gaz à effet de serre (GES) «à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique».

Hausse des gaz à effet de serre

En 1990, l'humanité émettait 23 milliards de tonnes de GES. En 2010, c'était 33 milliards. Une hausse de 45%.

Un autre groupe de chercheurs garde l'espoir malgré tout, selon ce qu'a publié Nature: «Tout comme les changements climatiques accélèrent le flux des glaciers, ils devraient aussi accélérer la transition de l'humanité vers une échelle plus durable, où le souci du bien-être de tous les êtres humains et du capital naturel sur lequel ils dépendent est en haut des priorités politiques», affirment Paul Ehrlich, de l'Université Stanford, et ses collègues.