L'un des plus grands dépotoirs en plein air du monde fermera dans les prochains jours, après 34 ans de services malodorants. Longtemps considéré comme un symbole de mauvaise planification urbaine et de négligence environnementale, le dépotoir Gramacho de Rio de Janeiro, au Brésil, sera transformé en installation qui captera les gaz à effet de serre générés par les ordures et qui les transformera en énergie capable de chauffer des maisons et de faire rouler des voitures.

Les environnementalistes ont longtemps blâmé le dépotoir pour les hauts niveaux de pollution dans la baie Guanabara, où s'écoulent des liquides toxiques provenant des déchets.

Mais on ne sait pas très bien ce qui arrivera avec les 1700 personnes qui travaillent dans le dépotoir pour trier les 9000 tonnes de détritus qui y sont déversés chaque jour. Connus sous le nom de «catadores», ces travailleurs du dépotoir recevront un petit dédommagement des autorités municipales, mais il n'y aura pas de place pour eux dans le dépotoir de remplacement, où la majorité des déchets sont déjà envoyés.

«Quand vous arrivez ici pour la première fois, vous vous demandez si vous serez capable de le faire, mais on s'y habitue, on se fait des amis et on trouve que c'est un bon travail», a expliqué Lorival Francisco dos Santos, un homme âgé de 46 ans qui travaille dans le dépotoir depuis 13 ans.

La fermeture du dépotoir Gramacho a été reportée à plusieurs reprises au cours des dernières années, mais cette fois-ci sera la bonne.

«Nous le disons depuis des années aux «catadores», mais ils n'ont jamais cru que ça se produirait pour vrai», a expliqué le directeur du dépotoir, Lucio Alves Vianna.

Le dépotoir Gramacho a été construit en 1978 sur un marécage écologiquement fragile qui surplombe la baie Guanabara. Pendant 20 ans, il a fonctionné presque sans supervision gouvernementale. Il n'y a pas eu d'aménagements pour éviter que les liquides de matières toxiques et organiques se déversent directement dans la baie, qui est devenue impropre à la baignade.

En 1996, les autorités de Rio sont intervenues et ont mis fin au travail des enfants dans le dépotoir. Les «catadores» ont été enregistrés et des restrictions ont été imposées sur les types de déchets qui pouvaient y être déposés.

Des camions ont commencé à recouvrir les déchets avec d'épaisses couches de terre. Aujourd'hui, avec 12 couches de terre de cinq mètres chacune, le terrain de 130 hectares ressemble à une véritable montagne de déchets qui surplombe la baie.

Dans le cadre du projet de reconversion du dépotoir, 200 puits permettront de capter le dioxyde de carbone et le méthane qui émanent des ordures en décomposition. Les gaz seront acheminés vers les installations gérées par Petrobas, la société pétrolière publique brésilienne.

Les ventes de crédits de carbone et de biogaz devraient rapporter environ 232 millions de dollars US en 15 ans, dont un pourcentage sera reversé aux «catadores».

Le transport des déchets vers le nouveau dépotoir conforme aux normes écologiques devrait permettre de réduire les émissions de gaz carboniques de 1400 tonnes par année.