Pendant que le monde entier tente de définir de nouvelles normes environnementales pour l'industrie, le Canada traîne de la patte, selon un nouveau rapport. De plus en plus de pays exigent que les importations se fassent dans le respect de l'environnement - la règlementation européenne sur la qualité des combustibles et carburants en est un exemple éloquent.

Mais au Canada, il existe peu d'informations pour aider les entreprises à déterminer quelle empreinte environnementale est générée par leurs activités, estime la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie.

En raison de ce manque d'efforts concertés, la compétitivité et la réputation du Canada en matière de commerce international est à risque, croit l'organisme consultatif fédéral.

«Des gestes doivent être posés à court terme pour contrer les risques de caractère plus immédiat entourant notre compétitivité internationale, plus précisément les échanges commerciaux et l'accès aux marchés», peut-on lire dans le rapport.

La Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, dont l'abolition fait partie des mesures annoncées par le gouvernement Harper dans son plus récent budget, a produit ce rapport à la demande du ministre de l'Environnement.

Peter Kent souhaitait que l'organisme se penche sur la pertinence de l'approche axée sur le «cycle de vie» pour encadrer les normes de production au Canada - une façon systématique de mesurer l'impact environnemental des biens et services, de la fabrication jusqu'aux consommateurs.

Les chercheurs ont découvert qu'une telle approche a été adoptée dans les secteurs privé et public en Europe, et que les États-Unis semblent prendre la même direction.

Le Canada, pour sa part, ne dispose d'aucune norme et d'aucun outil de mesure des impacts environnementaux. Et les lignes directrices en matière d'éco-étiquetage sont inexistantes. Les entreprises canadiennes mettent donc en place des initiatives diverses.

«Des gestes doivent être posés à court terme pour contrer les risques de caractère plus immédiat entourant notre compétitivité internationale, plus précisément les échanges commerciaux et l'accès aux marchés», stipule le rapport.

Les partenaires commerciaux du Canada pourraient ériger des barrières pour les biens et services canadiens, à moins que les produits d'ici ne respectent les normes internationales, prévient la Table ronde nationale.

Déjà, un désaccord existe entre le Canada et le Parlement européen. Ce dernier tente d'apposer l'étiquette de «pétrole sale» à l'or noir extrait des sables bitumineux.

Ottawa a réagi en dépêchant ses lobbyistes du secteur pétrolier et en brandissant les traités en matière de commerce international au nez des leaders européens dans l'espoir de les faire reculer.

Mais le rapport produit par la table ronde conclut que les normes sur l'empreinte environnementale des produits sont probablement la voie de l'avenir et que le Canada devrait y travailler afin de s'assurer qu'il n'est pas à la traîne par rapport aux autres pays.

Le rapport recommande également la création d'une base de données pour les secteurs public et privé dans laquelle seraient détaillées les exigences nationales et internationales sur l'accès aux marchés.

La Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie suggère aussi à Ottawa de développer des règles et des normes vigoureuses qui seraient éventuellement payantes pour l'efficacité et la compétitivité des industries.

Ces règles seraient développées par des tiers partis, mais le gouvernement fédéral serait chargé de leur supervision.