Un nouveau programme de surveillance des impacts environnementaux de l'exploitation des sables bitumineux en Alberta visera plus de contaminants dans plus de zones et plus fréquemment que prévu.

«Nous allons commencer le travail dès maintenant. Il est crucial que nous veillions à la bonne exploitation des sables bitumineux», a soutenu vendredi le ministre fédéral de l'Environnement, Peter Kent, de passage à Edmonton.

Mais ce programme fédéral-provincial, longuement attendu, sera d'abord géré par des fonctionnaires plutôt que par une agence indépendante. Les scientifiques ayant évalué l'ancien système avaient proposé au gouvernement une commission autonome, qui relèverait directement du ministre de l'Environnement.

La ministre provinciale de l'Environnement, Diana McQueen, a toutefois soutenu que la création de cette commission serait imminente.

«Ce qui importait pour moi était l'élaboration rapide d'un plan. Je crois fermement que nous devrions avoir une commission provinciale indépendante», a-t-elle fait valoir.

Une surveillance accrue, assurée par des chercheurs provinciaux, fédéraux et de l'industrie, devrait s'amorcer dès ce printemps.

Au terme de la période de trois ans annoncée, il devrait y avoir 172 sites de surveillance dans la région des sables bitumineux, en hausse par rapport aux 110 sites en vigueur à l'heure actuelle. Les niveaux d'autres produits chimiques, comme les hydrocarbones aromatiques polycycliques et les acides naphténiques, devraient ainsi être évalués.

La superficie ciblée par le nouveau plan a été nettement élargie, et comprendra éventuellement des sites en Saskatchewan et dans les Territoires du Nord-Ouest.

Outre l'analyse des polluants, les experts examineront aussi la biodiversité, la toxicité animale, la santé des plantes et la destruction des habitats. Des responsables ont mentionné qu'aucune analyse de la toxicité humaine ne serait effectuée, ajoutant toutefois que Santé Canada avait été avisée des mesures de surveillance que l'agence serait prévenue si des problèmes surgissaient.

Le plan a été applaudi par les scientifiques qui ont conseillé le gouvernement dans son élaboration.

«C'est un pas de géant. Le plan semble être bon», a mentionné le géologue de l'université de Toronto Andrew Miall, qui a contribué à la rédaction de l'un des rapports favorisant une réforme de la surveillance au chapitre des sables bitumineux.

Le programme est considéré comme une mesure cruciale pour répondre aux opposants qui soutiennent que l'industrie des sables bitumineux, d'une valeur de plusieurs milliards de dollars, peut foncer avant même que le gouvernement n'impose ses règles.

Aucun autochtone n'était présent lors de l'annonce des détails du plan vendredi. Le chef Allan Adam, de la communauté d'Athabasca Chipewyan, qui se trouve en aval des sites de sables bitumineux, a affirmé qu'il n'avait pas été avisé de la tenue d'une telle rencontre.

Le programme devrait coûter 50 millions $ par année. Le ministre Kent a déclaré que les sociétés énergétiques étaient prêtes à payer si elles sont satisfaites de l'efficacité du système.