Le refus du gouvernement Harper de s'engager dans une seconde phase du protocole de Kyoto suscite la grogne chez les environnementalistes du Québec. Des représentants de pratiquement tous les grands organismes de lutte aux changements climatiques ont manifesté leur mécontentement, cet après-midi, au centre-ville de Montréal.

Quelques centaines de personnes, dont des personnalités politiques et artistiques, se sont massées à la place du Canada pour demander au gouvernement de revenir sur sa position.

«C'est une journée de honte pour le Canada», a laissé tomber, en marge du rassemblement, le réalisateur Dominic Champagne, qui milite depuis plus d'un an faveur d'un moratoire sur l'exploitation des gaz de schiste. «Il n'y a vraiment pas lieu aujourd'hui d'être fier d'être Canadien. Nous avons un gouvernement qui ne respecte pas ses engagements internationaux et qui est en train de se retirer pour défendre des intérêts qui n'ont rien à voir avec le bien public et commun.»

À la veille de l'ouverture de la 17e Conférence de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques, qui se déroule présentement à Durban, en Afrique du Sud, le Canada a réitéré qu'il ne prendrait aucun engagement dans la deuxième phase de l'accord de Kyoto, qui doit couvrir la période de 2013 à 2017. La semaine dernière, des rumeurs circulaient par ailleurs à l'effet que le Canada annoncerait son retrait complet de Kyoto avant Noël.

«Il va y avoir un prix à payer pour cela et ce sont les contribuables qui vont payer pendant que les exploiteurs des sables bitumineux vont continuer à protéger leurs profits dans les paradis fiscaux», a affirmé M. Champagne.

«Quand le ministre de l'Environnement prend plus de temps à rencontrer les pétrolières que les groupes écologistes, ça veut dire, de toute évidence que cet homme-là  à bien plus à coeur les intérêts des pétrolières», a ajouté l'environnementaliste Daniel Breton.

Ce dernier estime qu'en boudant le protocole de Kyoto, le gouvernement Harper va à l'encontre de la volonté de la plupart des citoyens canadiens. «La majorité des Canadiens ont voté pour des partis politiques qui sont en faveur du protocole de Kyoto. Les conservateurs ont remporté 40% du vote. Ça veut dire que 60% des gens ont voté pour des partis politiques qui sont en faveur du protocole de Kyoto.»

Plus tôt cette semaine, le ministre canadien de l'Environnement, Peter Kent, a pressé les autres pays d'oublier Kyoto et de se concentrer plutôt sur la mise sur pied d'un nouveau traité global, qui lierait tous les grands pollueurs mondiaux, mais qui serait moins contraignant en matière de cibles de réduction des gaz à effet de serre.

L'ancien ministre libéral de l'Environnement, Stéphane Dion, a reproché au gouvernement Harper de ne pas vraiment croire à la lutte contre les changements climatiques et d'attendre que les autres pays agissent au lieu de montrer l'exemple en adoptant une cible contraignante de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce dernier était accompagné de son chien, qu'il a baptisé Kyoto.

Vers la fin du rassemblement, Catherine Vézina, de Greenpeace, a personnellement interpellé le ministre de l'Environnement. «M. Kent, comment ferez-vous pour regarder dans les yeux vos enfants et vos petits-enfants à votre retour?», a-t-elle affirmé. «Merci de rappeler au gouvernement Harper qu'il doit écouter la population et non les pollueurs», a-t-elle lancé à la foule.

- Avec La Presse Canadienne