Le ministre fédéral de l'Environnement, Peter Kent, continue de croire que le Protocole de Kyoto «relève du passé», et la délégation canadienne s'amènera à Durban avec une volonté plus «réaliste», dit-il, sans toutefois faire obstruction à ceux qui veulent se soumettre aux objectifs du traité international.

De passage à Montréal mardi, le ministre Kent n'a pas voulu dire clairement si le Canada se retirerait du Protocole de Kyoto, bien que ses déclarations des derniers jours le laissent croire.

«Nous ne nous opposerons pas à ceux qui veulent s'engager pour une seconde fois envers le Protocole de Kyoto, mais nous voulons faire participer les grands émetteurs, comme les États-Unis, la Chine, l'Inde, les pays émergents, le Brésil. Nous voyons un mouvement significatif en ce sens. Le Canada, le Japon et la Russie sont parfaitement d'accord à ce sujet. Nous croyons qu'il nous faut un nouvel accord, qui inclut tous les principaux émetteurs», a déclaré le ministre Kent.

Il croit néanmoins possible de participer à la conférence de Durban, en Afrique du Sud, «pour faire avancer la cause» de la lutte contre les changements climatiques. Il ne s'attend pas à ce qu'une entente comme telle y soit conclue, mais bien à des pas supplémentaires vers un accord plus large.

«D'ici 2050, le Canada endosse la position qui a été prise de limiter l'augmentation de température à deux degrés Celsius. Et c'est la raison pour laquelle le ministre Kent dit qu'il faut aller au-delà de Kyoto avec un accord contraignant, éventuellement, qui va lier toutes les parties et qui va nous permettre d'atteindre cet objectif-là, puisque Kyoto ne comprenait que 20 pour cent des pays émetteurs», a résumé son collègue Steven Blaney, ministre des Anciens Combattants, qui était à ses côtés lors de la rencontre avec la presse.

Mais le Nouveau Parti démocratique (NPD) voit d'un autre oeil les positions du gouvernement, et remet en question ses intentions derrière son désir de participer à l'actuelle conférence à Durban.

Selon la porte-parole néo-démocrate en matière d'environnement, Megan Leslie, il est évident que le gouvernement veut se retirer de Kyoto et ne fait qu'attendre pour l'annoncer, pour des raisons stratégiques.

«Nous savons que les conservateurs attendent jusqu'au 23 décembre pour annoncer le retrait du Canada de Kyoto. Si un pays se retire de l'Accord, son retrait n'est pas en vigueur avant un an. Ce qui signifie que le Canada pourra essayer de saboter les négociations cette année à Durban, et l'an prochain au Qatar», a-t-elle expliqué en Chambre.

Pourquoi le gouvernement irait-il à ces conférences sinon, alors qu'il ne veut pas s'engager dans de nouveaux accords et de nouvelles négociations, demande-t-elle.

«Tout ce que je peux voir, c'est qu'ils (les conservateurs) y vont pour tenter de faire dérailler les négociations. C'est la seule conclusion à laquelle je peux arriver.»

Elle relate aussi que le Haut Commissaire de l'Afrique du Sud a rapporté lundi que le Canada veut non seulement se retirer de Kyoto, mais tente aussi de convaincre d'autres pays de faire de même, ce qui étaye sa thèse.

Quant au ministre québécois du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, il a réitéré sa foi en Kyoto, comme le premier ministre du Québec, Jean Charest, l'avait fait la veille. Et il ne croit pas que le Canada devrait se retirer du Protocole de Kyoto comme il semble s'apprêter à le faire.

«Nous, nous sommes en faveur. Nous croyons que le plus rapidement possible, il devrait éventuellement y avoir un accord contraignant. Et on devrait avoir un accord contraignant qui implique tous les pays du monde pour avoir une stratégie de réduction des gaz à effet de serre, tout simplement», a estimé le ministre québécois.

Selon lui, «le gouvernement fédéral devrait être plus ambitieux» dans ses objectifs environnementaux.