Le ministre fédéral de l'Environnement n'a pas nié la possibilité que le Canada se retire du protocole de Kyoto avant Noël, hier, au moment où s'est ouverte la conférence de Durban sur les changements climatiques.

Le ministre Peter Kent, qui s'envolera bientôt pour l'Afrique du Sud, n'a ni confirmé ni infirmé un reportage de la chaîne CTV selon lequel le Canada annoncera qu'il se retire de l'entente le 23 décembre. Mais il n'a pas ménagé ses critiques à l'égard de l'accord non plus.

Selon lui, Kyoto représente «le passé» des négociations sur les changements climatiques, tandis que les ententes conclues aux sommets de Copenhague et de Cancún représentent «l'avenir». Les accords ratifiés au cours de ces conférences n'imposent aux pays aucune cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Notre gouvernement croit que la décision de l'ancien gouvernement libéral de signer le protocole de Kyoto a été l'une des plus grandes bourdes qu'il a commises, puisqu'il n'avait aucune intention de respecter cette entente», a dit le ministre Kent.

À Durban, le Canada compte faire la promotion d'un traité qui lie tous les pays, y compris les principaux émetteurs de gaz à effet de serre et les pays en développement, a indiqué le ministre. Plusieurs pays émergents, dont la Chine, l'Inde et le Brésil, refusent de se fixer des cibles de réduction des émissions.

Ce que nous devons faire, à Durban et par la suite, est de négocier une entente qui engage tout le monde. S'il y a urgence de s'attaquer aux changements climatiques, ce n'est pas le moment pour les plus importants pollueurs de rester assis sur les lignes de touche.»

Le ministre a tenu ces propos après avoir annoncé un plan de 600 millions de dollars en cinq ans pour encourager des mesures d'amélioration de la qualité de l'air. Le gouvernement Harper avait déjà débloqué 252 millions à cette fin dans son dernier budget, et il versera un peu moins de 350 millions supplémentaires d'ici quatre ans.

Critiques

La perspective de voir le Canada se retirer du protocole de Kyoto a valu au gouvernement Harper une pluie de critiques des groupes écologistes et des partis de l'opposition.

Graham Saul, du Réseau action climat Canada, estime que le Canada devrait tout bonnement quitter la conférence de Durban.

Nous n'allons pas là-bas pour négocier un successeur aux cibles de Kyoto, c'est clair, a-t-il dénoncé. C'est simplement une négociation de mauvaise foi que d'y aller.»

Le Nouveau Parti démocratique est du même avis. Sa porte-parole en matière d'environnement, Megan Leslie, estime qu'il serait «honteux» pour le gouvernement Harper de négocier en Afrique du Sud tout en planifiant son retrait de Kyoto.

Elle admet toutefois qu'une telle décision ne changerait pas grand-chose dans la pratique, puisque le Canada a déjà fait savoir qu'il n'atteindra pas les objectifs de réduction de GES fixés par le protocole.

Le premier ministre du Québec, Jean Charest, s'en est également mêlé lors d'un passage devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Il a dit «regretter» l'approche d'Ottawa en matière de lutte contre les changements climatiques.

À mes yeux à moi, suivre les Américains en matière d'environnement, ce n'est certainement pas la marche à suivre, a-t-il déclaré. Ce n'est certainement pas ce que j'attends du gouvernement fédéral.»

Pendant ce temps, à la conférence de Durban, le Canada s'est fait décerner deux «prix fossile» par les écologistes pour ses prises de position sur les changements climatiques. Le groupe écologiste accuse le gouvernement Harper de faire preuve de mauvaise foi en Afrique du Sud.

- Avec la collaboration d'Hélène Baril