Un tribunal a ordonné à Santé Canada de réévaluer sa décision de ne pas examiner les effets d'un herbicide populaire, un jugement qui, affirment certains, donnera plus de pouvoir au public pour forcer la main au gouvernement afin de répondre à des inquiétudes environnementales.

Josette Wier, qui a poursuivi le gouvernement après qu'une compagnie forestière eut commencé à répandre de l'herbicide à partir d'avions près de sa maison de Smithers, en Colombie-Britannique, a ainsi demandé un examen spécial de l'utilisation du produit, le Roundup, particulièrement lorsqu'il est combiné avec un autre produit chimique appelé le POEA qui permet de l'épandre plus également.

La loi permet à Santé Canada de demander un tel examen si la requête est accompagnée de nouvelles preuves recueillies depuis l'approbation originelle du produit chimique.

Mme Wier a fourni 15 études révisées par des pairs qui soulèvent des questions concernant les effets de la combinaison Roundup-POEA sur les femmes enceintes, les hommes, les foetus d'animaux et les grenouilles. Mais en août 2009, l'agence fédérale a refusé d'enquêter.

Mme Wier a donc demandé un examen juridique de cette décision. Elle a laissé tomber les études touchant la santé humaine et s'est concentrée sur les effets de l'herbicide sur les grenouilles et les salamandres.

Cette semaine à Vancouver, le juge fédéral Michael Kelen a mis de côté la première décision de Santé Canada et a ordonné au gouvernement d'examiner de nouveau la requête de la plaignante.

«La décision n'est ni transparente, ni intelligible, puisqu'elle n'examine pas expressément le risque environnemental précis dont il est question dans cette affaire», a écrit le juge Kelen.

Le magistrat a noté que bien que le ministère des Forêts ait effectué des études de terrain suggérant que le risque était minime, le gouvernement britanno-colombien n'était pas rassuré et a demandé une nouvelle évaluation du risque.

Un porte-parole de Santé Canada n'était pas disponible pour commenter. Le ministère a 30 jours pour faire appel.

Santé Canada avait prévu examiner en profondeur le Roundup dans un futur proche, mais le juge Kelen a estimé que cet examen prendrait trop de temps pour répondre aux interrogations spécifiques de Mme Wier. Il a ajouté qu'un examen informel de la littérature scientifique n'était pas suffisant.

L'avocat Jason Gratl, qui a défendu Mme Wier, a déclaré que la décision du juge donnait plus de pouvoir au public pour s'assurer que les interrogations en matière environnementale trouvent réponse.