L'explosion à grande échelle de l'urbanisation des bandes côtières dans huit pays du Golfe menace l'écosystème marin déjà fragilisé du Proche-Orient, met en garde un rapport de l'Université des Nations unies publié mercredi, recommandant d'agir sans attendre.

Les pays concernés sont Bahreïn, le Koweït, l'Iran, l'Irak, Oman, le Qatar, l'Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis, où le taux de croissance démographique annuel est de 2,1%, soit le double du taux mondial.

Les auteurs de cette étude expliquent que le développement côtier dans les pays les plus nantis du Golfe a été tellement étendu et rapide qu'il n'y a «pas eu assez de temps pour élaborer des structures réglementaires, techniques» pour encadrer son «expansion galopante».

Les conséquences sont «de graves pertes et une importante détérioration d'habitats naturels» comme «les marécages côtiers, les herbiers marins et les récifs coralliens», souligne le rapport réalisé par l'Institut de l'eau, de l'environnement et de la santé de l'Université de l'ONU (UNU-INWEH).

Ainsi 70% des 3800 Km2 de récifs coralliens d'origine sont déjà considérés comme perdus et ce qu'il en reste est souvent soit menacé soit dans un état critique de dégradation. Selon le rapport, la totalité des récifs existants pourrait disparaître dans les dix ans sans mesures drastiques.

Toutes ces agressions environnementales aggravent la pollution et les problèmes de santé et provoquent «une perte permanente des zones où se développent les coquillages et différentes espèces de poissons importants pour la pêche commerciale», relèvent les auteurs du rapport.

Après le pétrole et le gaz naturel, la pêche et l'aquaculture représentent la ressource naturelle la plus importante de la région, employant 250 000 personnes et générant près d'un milliard de dollars.

Dans le Golfe, cette urbanisation explosive des côtes pourrait être d'autant plus nocive pour l'environnement que la géographie de la région est assez fermée, offrant des conditions idéales pour une accumulation des polluants dans les eaux marines où sont déversées d'énormes quantités de déchets industriels, agricoles et résidentiels.

À cela s'ajoute une forte concentration d'installations pétrolières et de pétroliers qui fait que les eaux du Golfe «connaissent en permanence des niveaux élevés de pollution par des hydrocarbures».

De plus, de 70% à 90% de l'eau potable de la région provient des usines de  dessalement qui traitent des eaux très polluées.

Jusqu'à présent, «il n'existe pas de données suffisantes et fiables pour faire une estimation exacte de l'impact d'un accroissement de la pollution dans l'environnement marin du Golfe», relèvent les auteurs de l'étude.

Les pressions sur l'éco-système côtier sont particulièrement fortes dans les plus petits pays du Golfe comme Bahreïn, le Koweït, Qatar et les Émirats, où la quasi-totalité de la population vit dans une bande de 50 km le long de la côte.

Certains de ces pays ont déjà urbanisé plus de 40% de leur bord de mer.

De 1999 à 2010, la longueur de la côte du Qatar a doublé, passant de 563 à 1239 km, en raison de la construction d'extensions sur la mer.

Bahreïn a accru son territoire de 91 km2 ou de 11% de sa superficie totale en prenant sur la mer pour développer des zones industrielles et des espaces de loisir et résidentiels.

Les Émirats Arabes Unis ont ajouté 439 km à leur côte et 120 km2 de superficie à leur territoire en construisant quatre îles géantes côtières, Palm Jebel Ali, Palm Jumeirah, Palm Deira et The World.

Enfin les populations côtières du Golfe sont particulièrement menacées par la montée du niveau des océans qui résultera du réchauffement climatique, préviennent les auteurs du rapport.