Israéliens, Jordaniens et Palestiniens auront de bonnes raisons de se réjouir si la mer Morte est choisie vendredi soir parmi les «sept nouvelles merveilles de la Nature», bien qu'elle soit menacée de disparition.

Situé au point le plus bas du globe (-423 mètres sous le niveau de la mer), ce lac, le plus salé au monde, est un haut lieu touristique chargé d'histoire biblique, dont Israël et la Jordanie exploitent les ressources, tandis que les Palestiniens en sont privés du fait de l'occupation israélienne.

Mais la mer Morte est menacée d'assèchement. Selon les experts, à défaut de mesures urgentes, elle pourrait disparaître d'ici 2050. Chaque année, son niveau baisse d'un mètre et, à certains endroits, son rivage recule de plus d'un km.

La faute en est aux pompages dans le Jourdain effectués en permanence par Israël, la Syrie et la Jordanie, pour irriguer leurs cultures et fournir de l'eau potable.

En ordre dispersé, Israël, la Jordanie et l'Autorité palestinienne ont fait campagne pour que la mer Morte soit reconnue comme l'une des sept merveilles de la Nature lors du concours international organisé via téléphone et internet par la fondation suisse New Seven Wonders (www.new7wonders.com).

Le résultat est attendu après 19h GMT (14h, heure de Montréal).

En Israël, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a exhorté ses compatriotes à voter pour «faire de ce lieu magique l'un des lieux touristiques les plus attrayants de la planète». La top-modèle israélienne Bar Rafaeli a également participé à la candidature.

La mer Morte est le troisième site le plus visité d'Israël après Jérusalem et Tel Aviv.

Le ministère du Tourisme a déboursé quelque 8 millions de shekels (2,1 millions de dollars) dans une campagne de promotion massive, indique l'un de ses directeurs, Pini Shani.

Selon lui, «il n'y a eu aucune coopération» avec la Jordanie ni l'Autorité palestinienne. «Nous avons essayé de la lancer à plusieurs reprises», assure M. Shani, «mais nous avons essuyé des réponses négatives».

La ministre palestinienne du Tourisme, Khouloud Daibes, a déclaré récemment que «la Palestine participait à la compétition pour confirmer ses droits sur une partie du littoral et empêcher Israël d'en revendiquer le contrôle».

La candidature palestinienne s'est accompagnée de spots publicitaires radiotélévisés et de conférences dans les écoles sur la mer Morte.

Une quarantaine de kilomètres de la rive nord-ouest de la mer Morte se situe en Cisjordanie occupée.

La mer Morte pourrait même figurer sur la liste des 20 sites que les Palestiniens veulent faire entrer au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis leur récente admission comme membre à part entière de cette institution, au grand dam d'Israël.

La Jordanie n'est pas en reste. Le ministre du Tourisme Issa Qammou a précisé à l'AFP que les ambassades du royaume avaient été mobilisées dans le monde entier.

Réputée pour ses vertus thérapeutiques, la mer Morte -bientôt une simple mare?- se réduit comme une peau de chagrin, dans un contexte politique qui complique la recherche d'une solution.

Ses eaux salines ont perdu un tiers de leur volume depuis les années 1960.

La situation est encore aggravée par la baisse du niveau des nappes phréatiques qui alimentent aussi le lac salé, les paysans privés des eaux du Jourdain se résignant à creuser des puits.

L'activité industrielle et touristique ajoute au problème, de même que le changement climatique qui influe sur la pluviométrie d'une région parmi les plus arides au monde.

D'ambitieux projets de sauvetage, dénoncés par les écologistes, pour faire remonter le niveau du lac salé par un canal d'eau de mer de 200 km le reliant à la mer Rouge ont bien été mis à l'étude, mais ils semblent s'enliser depuis plusieurs années.