Un groupe de chercheurs indépendants affirme que le gouvernement conservateur est sur la bonne voie avec son approche visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais qu'il devra déployer des efforts supplémentaires s'il veut atteindre ses objectifs de 2020.

Un rapport de l'Institut international du développement durable (IIDD), publié lundi, a examiné l'approche d'Ottawa pour mettre en place graduellement, un secteur industriel à la fois, des plafonds d'émissions.

Le document note que, pour des raisons politiques, on a rejeté la mise en place d'une taxe carbone fédérale ou d'un système national d'échange de crédits d'émissions.

Le gouvernement de Stephen Harper a toujours insisté sur l'importance de lier ses politiques sur les changements climatiques à celles des États-Unis, pour des raisons de concurrence commerciale.

Le rapport précise qu'Ottawa a dépensé des milliards de dollars pour des programmes de lutte contre les changements climatiques pendant des décennies, notamment des projets d'efficacité énergétique pour des édifices, et de captage et d'entreposage de carbone, qui ont eu des succès limités pour réduire les émissions.

Malgré tout, les chercheurs de l'IIDD ont découvert que lorsqu'ils sont couplés avec les efforts des provinces, les projets d'Ottawa mènent le Canada à mi-chemin de sa cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre - 17 pour cent sous les niveaux de 2005 d'ici 2020.

«Bien qu'il y ait encore beaucoup de travail à faire, le Canada est sur la bonne voie concernant ses politiques entourant les gaz à effet de serre», conclut le rapport, écrit par le directeur des changements climatiques et de l'énergie de l'IIDD, Dave Sawyer.

Comment le Canada parviendra-t-il à atteindre ses objectifs? L'institut établi à Genève, qui conseille notamment l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), affirme que le gouvernement canadien devra envisager d'imposer des cibles de réduction pour des secteurs qu'il ne souhaitait pas réglementer.

Cela signifie cibler des secteurs comme les transports, qui ont été épargnés par le plan de réduction des émissions de GES.

Le gouvernement devrait également songer à instaurer un programme national de crédits d'émissions, grâce auquel les entreprises peuvent acheter des crédits lorsqu'elles ne peuvent atteindre leurs cibles.

Au final, toutefois, les auteurs du rapport estiment qu'Ottawa ne peut écarter un éventuel système de taxe du carbone, et doit développer un système commun avec les provinces pour identifier les solutions les plus efficaces. Ils soulignent également que le coût des centrales canadiennes au charbon en matière d'atteinte de cibles de réduction est environ le même que pour les compagnies européennes qui font partie d'un marché d'échange de crédits d'émission.

«Bien qu'il ne soit pas actuellement politiquement possible de mettre en place une politique nationale de taxe du carbone, cela sera éventuellement nécessaire afin d'obtenir les réductions d'émissions abordables nécessaires pour que le Canada atteigne ses cibles à long terme de réduction d'émissions de gaz à effet de serre», explique M. Sawyer dans un communiqué.

Un rapport de la Table ronde nationale sur l'économie et l'environnement, déposé en janvier dernier, recommandait que le gouvernement assigne un prix au carbone et crée un système d'échange de crédits d'émissions, alors qu'Ottawa attend que Washington détermine sa propre stratégie en la matière.