Le professeur de biologie Daniel Gagnon, de l'UQAM, a beau être un des spécialistes des écosystèmes forestiers du sud du Québec, il ignorait l'existence d'une forêt aussi grande à Vaudreuil.

La Presse a pu visiter les lieux en sa compagnie, par des sentiers de VTT qui traversent la forêt. D'emblée, il a remarqué que la plupart des forêts conservées dans la région de Montréal sont sur des collines, alors que celle-ci est sur un plateau, ce qui la distingue.

Selon M. Gagnon, la forêt de Vaudreuil répond à plusieurs des huit critères proposés par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) en 2003 pour définir les «boisés d'intérêt métropolitain».

«Il remplit aisément les quatre premiers critères, affirme-t-il. Et probablement sept sur huit si on y met l'effort.»

En effet, M. Gagnon a dénombré 18 espèces d'arbres et estime l'âge de la forêt à 100 ans, avec des spécimens de 150 ou 200 ans. Parmi les plus remarquables, des hêtres, des pruches et érables à sucre impressionnants.

Pour être considéré comme d'intérêt métropolitain, un secteur boisé devait compter plus de six espèces et être «mature» (plus de 60 ans) ou centenaire.

Avec ses nombreux ruisseaux et milieux humides, la forêt de Vaudreuil remplit un autre critère. Et avec sa superficie de quelques centaines d'hectares, elle sort carrément du rang. La CMM estime qu'un secteur boisé d'intérêt doit avoir une superficie d'au moins 30 hectares.

M. Gagnon croit que des études supplémentaires permettraient de voir si la forêt de Vaudreuil remplit d'autres critères, comme la présence d'espèces menacées. Selon lui, «la taille de certains arbres et la quantité de pruches» militent pour qu'elle se qualifie comme un «écosystème exceptionnel» auprès du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, un autre critère.

L'état des forêts dans la région de Montréal inquiète les spécialistes, ce que ne manque pas de souligner le projet de Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD).

«Avec le temps, le développement urbain et les activités agricoles ont entraîné un retrait du couvert forestier tant en milieu urbain qu'en milieu agricole», affirme-t-on. En moyenne, 1100 hectares de forêt disparaissent chaque année sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal.

Déjà, en 2009, le couvert forestier occupait seulement 19,2% du territoire terrestre de la région. «Or, il est généralement admis qu'une baisse significative de la diversité biologique est observée lorsque le couvert forestier d'une région passe sous le seuil de 30%, note-t-on. Pour des impératifs liés à la protection de l'environnement, mais aussi à la préservation d'une meilleure qualité de vie et de l'attractivité de la région, une meilleure protection de ce patrimoine naturel doit donc être assurée.»