Le projet de pipeline Keystone XL a toujours soulevé des questions économiques et environnementales, mais depuis quelques jours, des questions éthiques émergent à ce sujet et atteignent la secrétaire d'État Hillary Clinton.

Proposé par la société canadienne TransCanada, le pipeline Keystone XL - ou KXL selon l'acronyme - doit acheminer du pétrole en provenance des sables bitumineux jusqu'au Texas, un trajet de 2700 kilomètres au coût de 7 milliards.

Il suscite l'opposition chez les écologistes qui refusent d'aider l'exploitation des sables bitumineux, à cause de ses effets sur la forêt boréale et le climat mondial. Plusieurs citoyens et groupes le long du trajet s'y opposent aussi, citant les risques de contamination à cause de fuites trop fréquentes.

Comme c'est un projet transfrontalier, il doit être autorisé par la secrétaire d'État Clinton. Au cours des derniers jours, des révélations en provenance de divers groupes écologistes ont montré comment de proches collaborateurs et collecteurs de fonds de Mme Clinton ont été embauchés pour faire du lobbyisme en faveur du projet.

Paul Elliott a travaillé pour Mme Clinton pendant sa campagne à l'investiture démocrate en 2008, et aussi pour ses campagnes sénatoriales en 1996 et 2000. Il est le principal lobbyiste de TransCanada, qui l'a payé 310 000$ pour ses services.

Plusieurs autres lobbyistes ayant des liens avec Mme Clinton ou avec le président Barack Obama ont été embauchés pour plaider en faveur du projet. Depuis 2009, environ 2 millions ont été dépensés en honoraires.

TransCanada a entre autres embauché la firme McKenna, Long&Aldridge, où travaille l'ancien ambassadeur des États-Unis au Canada Gordon Giffin. En poste pendant l'administration de Bill Clinton, il a ensuite été collecteur de fonds pour les campagnes électorales d'Hillary Clinton au Sénat et à l'investiture démocrate.

TransCanada s'est défendue en disant qu'elle ne faisait rien de plus que les autres sociétés faisant des affaires aux États-Unis.

Tous ces efforts de TransCanada ont néanmoins été suffisants pour que des groupes lancent des accusations de corruption à l'égard de Mme Clinton.

Le département d'État a rétorqué qu'aucun des lobbyistes n'avait eu droit à des rencontres privilégiées avec des hauts fonctionnaires ayant une influence sur la décision.

Hier, des manifestants ont convergé vers les bureaux du Département, où se tenait la dernière journée de consultation sur le projet.

Une étude du département d'État a déjà conclu que le projet KXL n'aura pas d'impact significatif sur l'environnement. Les autres branches du gouvernement ont 15 jours pour donner leur avis. S'il y a divergence, le président Obama devra trancher.

Plusieurs écologistes demandent au président de refuser le projet. Hier, en entrevue au Guardian, l'écologiste Bill McKibben a affirmé que c'était peut-être l'une des dernières chances d'Obama de ranimer la flamme qui l'a fait élire en 2008. Le président a en effet plusieurs fois déçu le mouvement écologiste dans les derniers temps, en baissant les bras devant les lobbys industriels.

Avec AFP, PC, The Guardian