La municipalité de Carignan se tourne vers le gouvernement provincial pour acheter le terrain d'un promoteur immobilier après le refus des citoyens, dimanche, d'approuver son plan d'urbanisme pour y permettre la construction d'un secteur résidentiel.

«Peut-être que le gouvernement a des sous? Il en a beaucoup pour l'île Charron, il en a peut-être pour l'île au Foin», a indiqué la mairesse Louise Lavigne. Celle-ci digère mal la publication d'un avis du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, durant la campagne référendaire, selon lequel le terrain où un promoteur immobilier projette de construire un ensemble résidentiel abrite un «écosystème forestier exceptionnel», dont la protection est «souhaitable». «On a perdu de la crédibilité parce que cette étude a circulé partout.»

Cette sortie survient alors qu'une entente est survenue entre le propriétaire de l'île Charron, voisin du parc des Îles-de-Boucherville, et le gouvernement provincial qui achètera son terrain de 20 hectares pour 15 millions.

Dimanche soir, en plus de rejeter à 56% le plan d'urbanisme de Carignan, les citoyens ont refusé à 65% d'acquérir le terrain de 6 hectares de l'île au Foin, évalué à 3,5 millions. «On est pris entre l'arbre et l'écorce. C'est un terrain privé où le promoteur a le droit de construire. D'un autre côté, les gens ne veulent pas de construction, mais ne veulent pas payer [pour acheter le terrain]. Et le ministère de l'Environnement dit qu'il faut le conserver. Ça n'a aucun sens», s'indigne Louise Lavigne.

La mairesse reste visiblement amère de l'issue du vote. «Nous, on veut que l'étalement urbain continue? Ça n'a pas de sens», déplore-t-elle ironiquement, soulignant que le plan d'urbanisme ouvrait la porte à la densification. Signe que les plaies sont vives, la mairesse saluait seulement les citoyens s'étant déplacés pour voter pour le projet dans la première version du communiqué de presse transmis aux médias pour annoncer les résultats. Un rectificatif a été envoyé quelques heures plus tard pour saluer la participation citoyenne.

Piquée au vif par l'opposition, Louise Lavigne nie avoir défendu les intérêts du promoteur immobilier propriétaire de l'île au Foin, Mario Venafro. Elle dit avoir voulu régler un problème minant sa municipalité depuis des années.

Un porte-parole des opposants au nouveau plan d'urbanisme de Carignan a par ailleurs nuancé une charge qu'il avait menée contre la municipalité à l'issue du référendum de dimanche. Dans l'euphorie de la victoire, Patrick Paré avait déclaré à La Presse que «c'est David qui a gagné contre Goliath. C'est la politique citoyenne qui a gagné contre un promoteur immobilier et une ville corrompue». L'homme dit aujourd'hui que ses paroles ont dépassé sa pensée. «J'aimerais me rétracter et même m'excuser d'avoir dit un terme qui a dépassé ma pensée à 23h30 hier soir [dimanche], sous le coup de la fatigue et des émotions», a-t-il indiqué.