L'air et les rivières sont de plus en plus pollués près des villes asiatiques, dans un paysage qui s'urbanise à grande vitesse, mais les experts refusent de dresser un tableau sombre et soulignent les progrès accomplis.

Des bidonvilles toujours en expansion dans les banlieues des mégapoles, comme Manille, aux villes champignons qui naissent jusque dans les contrées chinoises éloignées dans l'Himalaya, les exemples d'atteinte à l'environnement ne manquent pas.

La pollution de l'air, déjà supérieure aux normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la plupart des grandes villes, s'aggrave en raison de l'augmentation du nombre de voitures. Les usines fonctionnent à plein régime et rejettent fumées et eaux polluées dans la nature.

Et la hausse du niveau de vie de centaines de millions d'habitants se traduit par une augmentation de la consommation... et de la pollution.

Mais les urbanistes et les défenseurs de l'environnement gardent espoir d'un avenir meilleur sur ce front-là, grâce à quelques succès et une prise de conscience croissante de la nécessité d'un développement durable.

«En matière d'environnement, plusieurs tendances pointent vers une dégradation, mais je vois aussi des tendances qui apportent des solutions», déclare Red Constantino, à la tête de l'Institut du climat des villes durables, basé à Manille.

Parmi les facteurs positifs, M. Constantino cite la rapide expansion des réseaux urbains de voies ferrées en Chine.

«Ca ne se présente pas trop mal pour les villes en Asie», affirme Yeung Yue-man, professeur émérite de géographie à l'Université chinoise de Hong Kong, également conseiller auprès du gouvernement de Hong Kong.

«Concernant les infrastructures et les réponses aux besoins des populations, beaucoup de villes en Asie, notamment les plus riches, ont embrassé le concept de développement durable», relève ce spécialiste de l'urbanisation en Asie.

Singapour, Taipei, Séoul et Hong Kong en particulier sont un exemple pour les autres villes sur la manière de concilier développement durable et essor démographique et économique, ajoute M. Yeung.

Un rapport publié du centre de recherches Economist Intelligence Unit (EIU) concernant 22 grandes villes d'Asie, a mis en lumière en février plusieurs tendances encourageantes.

Les ambitions de la Chine dans les énergies renouvelables ont été saluées, notamment la ferme éolienne près de Shanghai --la plus vaste du pays-- qui doit fournir de l'électricité à 4 millions de foyers d'ici 2020.

L'EIU cite également la Pearl River Tower, une tour de 71 étages construite à Canton (sud), et qui devrait être l'un des gratte-ciel les plus «verts» du monde, lorsqu'elle sera achevée courant 2011.

Au Japon, Tokyo a mis en place en 2010 un système d'échange et de plafonnement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, de 25% d'ici 2020 par rapport aux niveaux de 2000.

A Singapour, le manque d'eau chronique a donné naissance à des technologies innovantes de recyclage. C'est un début, mais trois litres d'eau sur 100 consommés par les Singapouriens proviennent d'eaux usées, filtrées et purifiées.

Malgré ces avancées, l'importance des dégâts causées par des villes en pleine expansion sur l'environnement reste considérable, note la Banque asiatique de développement dans un rapport sur l'urbanisation en Asie.

L'institution évalue à plus de 2 milliards de dollars par an (1,37 md d'euros) le coût économique et sanitaire des dégâts écologiques à Bangkok, et à un milliard pour Jakarta.

«Les coûts sont comparables pour les autres grandes villes. Ils augmentent au fur et à mesure que les taux de polluants et de poisons dépassent les normes sanitaires dans des régions de plus en plus vastes», ajoute la Banque.

«Les autorités des villes doivent croire dans le développement durable et rejeter l'idée qu'elles doivent choisir entre la protection de l'environnement et l'encouragement à la prospérité», note l'institution. «Il existe un lien direct entre la protection de l'environnement et la création de richesse».