Un Canadien a été élu à la tête de l'Organisation mondiale de la météorologie. Il est le premier Nord-Américain en plus d'un demi-siècle à diriger cet organisme chapeauté par l'ONU.

«Nous avons du travail en météorologie pour faire face aux changements climatiques», explique David Grimes, qui était jusqu'à maintenant chef du Service météorologique du Canada et sous-ministre adjoint à Environnement Canada. Il a été élu lors de la conférence annuelle de l'OMM à Genève.

La réputation environnementale du Canada, en baisse selon plusieurs observateurs, a-t-elle compliqué son élection? «Non, au contraire, dit M. Grimes, interviewé depuis son hôtel en Suisse. La contribution du Canada dans les domaines de la météo, du climat et de l'eau est très importante. Dans les domaines scientifiques et technologiques, notre apport aux connaissances mondiales est appréciable. De plus, je suis personnellement engagé dans les activités de l'OMM depuis 20 ans.»

L'organisation a cinq défis à relever, selon M. Grimes: la modernisation du réseau d'échange de données, les retombées de la troisième conférence mondiale sur le climat, l'établissement de services climatiques dans les pays pauvres, la standardisation des systèmes météorologiques utilisés par les compagnies aériennes, et la mise en place de systèmes de prévisions météorologiques dans les pays pauvres.

«Nous devons remplacer notre système mondial de télécommunications, dit M. Grimes. Pour le moment, il faut que chacun des 189 pays membres fournisse l'information. Le système futur permettra d'aller chercher les informations dans les bases de données nationales. Le nouveau système doit aussi intégrer les nouvelles données océaniques et d'humidité des sols qui permettront de détecter les tempêtes avant même leur formation.»

La troisième conférence mondiale sur le climat a eu lieu en 2009 à Genève. «La première conférence mondiale en 1979 a jeté les bases du travail de l'ONU sur les changements climatiques, dit M. Grimes. La deuxième, en 1990, a mené à la mise sur pied du Groupe intergouvernemental d'experts sur les changements climatiques. Maintenant, il faut améliorer les prédictions climatiques et les lier aux décisions politiques et économiques devant être prises.»

Les pays pauvres ont souvent peu accès aux services climatiques permettant de planifier les interventions publiques, et plus rarement, n'ont aucun service météorologique. «Plus de 70 pays ne peuvent pas utiliser les services climatiques qui aident à interpréter les changements climatiques à court et moyen terme, dit M. Grimes. Et certains, comme Haïti, où nous avons une équipe de huit météorologues travaillant à la prévision des ouragans, ont vu leur service météorologique disparaître complètement.»

Les travaux sur les services d'aide à l'aviation veulent éviter de marginaliser davantage les pays pauvres «Les services météorologiques mondiaux pour l'aviation se sont récemment standardisés à la norme ISO, dit M. Grimes. Il faut aider les pays qui n'ont pas encore atteint cette norme.»