La récession de 2008-2009 a au moins eu un effet positif: avec la baisse de l'activité économique, les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada ont connu leur plus importante baisse depuis 20 ans en 2009, selon un rapport d'Environnement Canada publié hier.

En 2009, les émissions totales de gaz à effet de serre du Canada ont été estimées à 690 mégatonnes (MT) d'équivalent dioxyde de carbone (CO2), une baisse d'environ 6% par rapport à 2008, selon ce rapport.

Le gouvernement attribue cette baisse «en partie à la récession mondiale et à l'utilisation réduite du charbon pour produire de l'électricité».

Malgré tout, les émissions canadiennes sont toujours bien supérieures à celle de 1990, année de référence dans le protocole de Kyoto -de 17% précisément-, principalement à cause des «augmentations importantes de la production de pétrole et de gaz (...) ainsi que du nombre de véhicules motorisés, notamment les camions légers à essence (fourgonnettes, VUS et camionnettes) et les véhicules lourds à moteur diesel».

Au cours de la même période, soit depuis 1990, les émissions du secteur manufacturier, concentré en Ontario et au Québec, ont baissé de 21%.

En dépit de la baisse constatée en 2009, la deuxième consécutive après celle de 2,2% en 2008, le Canada demeure donc très éloigné de l'objectif fixé par le protocole de Kyoto. Cet objectif était de maintenir les émissions de GES à 6% sous le taux de 1990 pour la moyenne des années 2008 à 2012.

C'est peut-être ce qui explique pourquoi la cible de Kyoto ne figure même plus dans le rapport fédéral: elle a été remplacée par celle de Copenhague, qui est moins exigeante, en plus de ne pas être contraignante.

Selon le protocole de Copenhague, le Canada doit, d'ici à 2020, réduire ses émissions de 17% par rapport à ce qu'elles étaient en 2005, ce qui équivaut à revenir au taux de 1990.

Les résultats par province confirment l'impact de la récession sur la pollution atmosphérique. C'est en Ontario que les émissions de GES ont le plus reculé en 2009, alors qu'elles étaient presque stables au Québec. On sait que la récession a frappé plus fort en Ontario qu'au Québec.

Le secteur des transports continue de dominer le bilan québécois, avec 44% du total des émissions.

L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) souligne que le bilan 2009 paraît le jour même de la confirmation de Peter Kent dans son poste de ministre de l'Environnement du Canada.

«Alors que l'Angleterre vient d'annoncer son audacieux plan visant à réduire ses émissions de GES de moitié d'ici 2025, le Canada n'a toujours pas de véritable plan d'action cohérent pour prendre le virage mondial vers l'économie verte et limiter les impacts catastrophiques des changements climatiques», ajoute l'organisme.