Poursuivi pour 350 000$ par la société Pétrolia, l'écologiste Ugo Lapointe réplique en affirmant qu'il s'agit d'une poursuite-bâillon qui inhibe le débat sur les ressources naturelles et l'énergie.

«Que ce soit l'intention ou non de Pétrolia, sa poursuite a un effet d'intimidation et risque de nuire à la libre participation des citoyens et des organismes à ces débats publics, qui sont cruciaux pour l'avenir du Québec», a affirmé hier en conférence de presse M. Lapointe, qui dirige la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine.

Pétrolia a déposé une poursuite en diffamation contre M. Lapointe et le journal Le Soleil en janvier.

L'article du Soleil mentionnait que, dans le cadre de leurs projets d'exploration, les entreprises comme Pétrolia et Junex pouvaient en toute légalité extraire du pétrole et le revendre, sans toutefois payer les redevances prévues en cas d'exploitation proprement dite.

À ce sujet, M. Lapointe avait exprimé son désaccord de la façon suivante: «Ce sont des ressources non renouvelables, qui appartiennent à tous les Québécois. C'est du vol à petite échelle, mais qui ouvre la porte à du vol à plus grande échelle.»

Le procès en diffamation qui s'amorce demain à Québec portera surtout sur ce mot: vol. Dans sa poursuite, Pétrolia estime être victime d'une «opération de salissage».

Ces derniers jours, M. Lapointe a reçu plusieurs appuis, dont celui de la Ligue des droits et libertés et du Réseau québécois des groupes écologistes, qui estimaient dans une lettre ouverte que l'emploi du mot «vol» relevait de la «métaphore».

«Ce cas est particulièrement préoccupant à l'heure où les débats publics sur la gestion des ressources naturelles et la révision de la Loi sur les mines s'annoncent animés», concluaient les deux organismes.

Jointe par La Presse, Pétrolia a refusé de commenter la déclaration de M. Lapointe. «Ça passe en cour vendredi (demain), alors on va laisser notre avocat aller plaider», a dit Isabelle Proulx, vice-présidente aux affaires de l'entreprise.