Si ce n'était de son projet d'ajouter une terrasse verte sur le toit du marché Jean-Talon - projet qui est toujours dans les cartons -, le directeur du Jour de la Terre à Montréal, Pierre Lussier, aurait le moral pas mal plus bas.

«Franchement, il n'y a rien à célébrer cette année. En tout cas, pas grand-chose», lance-t-il.

C'est si vrai, ajoute-t-il, «que le slogan de cette Journée de la Terre est: Bonne fête, pauvre planète».

Une année à oublier

Rien à voir avec le fait que le plus gros avion civil sur le marché, l'Airbus 380 - qui compte notamment six bars et un salon -, atterrissait précisément à Montréal en ce Jour de la Terre. C'est plutôt parce que, tout simplement, comme l'a déjà dit la reine Élisabeth au terme d'une année 1992 pleine de drames personnels, la dernière année a été, d'un point de vue environnemental, «une annus horribilis».

«Dans le fond, au moins, ces nouveaux avions sont moins polluants que ceux qui sont en service depuis plusieurs années. Non, la vraie ironie de l'affaire, c'est que depuis le dernier Jour de la Terre, l'an dernier, on a eu le plus gros déversement pétrolier - causé par une entreprise qui a mis cinq mois à colmater la fuite - et la plus grande catastrophe nucléaire depuis des lustres. Comme si on n'avait rien appris depuis Tchernobyl.»

Effort modeste

En comparaison avec tous ces drames, le projet de verdissement du toit du marché Jean-Talon est bien modeste, mais c'est déjà cela. Au-dessus des maraîchers, sur un toit, M. Lussier espère, d'ici mai 2012, mettre en place un jardin de 50 000 pieds carrés jumelé à des oeuvres d'art des artistes Jean-Paul Ganem et Peter Gibson.

La partie verte du projet serait faite de grandes rangées de salades et de choux, essentiellement, avec petite terrasse attenante aménagée pour les clients. «L'idée, ce n'est pas de donner les légumes que l'on fera pousser et surtout pas de faire de la concurrence aux marchands, insiste M. Lussier. À peine envisageons-nous d'utiliser ces légumes pour y aller de petites dégustations - d'une huile particulière, par exemple.»

M. Lussier refuse de chiffrer son projet, mais il assure que ce ne sera pas hors de prix, loin de là. Le tout demeure encore très embryonnaire, beaucoup d'étapes devant encore être franchies. Il faudra notamment réfléchir aux aspects techniques de la chose, notamment le calcul de la charge du toit - «mais la ville centre tout comme l'arrondissement sont très réceptifs jusqu'à maintenant».

Le Jour de la Terre est célébré pour la 41e fois et pour l'occasion, 41 arbres ont été plantés, hier, dans un terrain vague au sud du Centre Bell, à Montréal. Le Jour de la Terre continuera d'être souligné toute la fin de semaine de Pâques au Biodôme, au Jardin botanique et à l'Insectarium. Le Biodôme propose des activités sur le thème de la gestion des déchets, tandis que l'événement Papillons en liberté se poursuit au Jardin botanique. Si le temps est moche, rien de tel que d'aller traîner dans les serres du Jardin botanique pour vous faire oublier cela.