Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune n'aurait pas dû ordonner la fermeture du puits de gaz de schiste de la société Canbriam à La Présentation, selon le géologue Marc Durand.

«Je trouve que la fermeture du puits est la pire chose à faire, dit-il. L'entreprise va se conformer à ce qu'exige la réglementation actuelle, comme souder une plaque d'acier sur la tête de puits et mettre un peu de ciment.

«Le problème, c'est qu'il y a de la migration de gaz à l'extérieur du coffrage, souligne-t-il. Le puits est neuf, il a des fuites et là, on va mettre un bouchon. Pensez-vous vraiment que ça va régler quelque chose?»

Il dit qu'au contraire, il faudrait laisser le puits ouvert et capter le gaz, afin de faire diminuer la pression.



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La semaine dernière, à la suite d'un article publié par RueFrontenac, la ministre des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), Nathalie Normandeau, avait affirmé qu'après deux mois d'un «plan d'intervention pour apporter des correctifs» qui n'avait «pas donné les résultats escomptés, nous n'avions pas d'autre choix que d'appliquer la solution ultime», soit la fermeture du puits de La Présentation, non loin de Saint-Hyacinthe.

Mais la fermeture du puits est loin d'être une solution, dit M. Durand. «À partir du moment où on n'a plus accès au puits et qu'on peut plus y retourner pour l'inspecter parce qu'il est bouché, si on veut intervenir, il va falloir forer un puits oblique, comme on a fait dans le golfe du Mexique», dit-il.

M. Durand note aussi que la décision vient du MRNF, alors que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, dans son rapport, préconisait de mettre ces décisions sous l'autorité du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP).

Même commentaire du côté de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA). «On demande au ministère du Développement durable depuis septembre de prendre ses responsabilités dans ce dossier et, aux dernières nouvelles, Mme Normandeau n'était pas responsable de la protection de l'environnement.»

Un avantage

La fermeture du puits représente en outre un avantage pour l'entreprise, dit M. Durand. «Après quelques mois, le Ministère va lui délivrer un permis d'abandon de puits et, ensuite, le puits tombe dans le domaine public, dit-il. Le producteur est libéré de toute responsabilité. Alors que les puits qui démontrent des problèmes devraient être les derniers à retourner dans le domaine public. Il faut garder Canbriam responsable de ce puits à problèmes.»