L'opposition péquiste demande l'intervention du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) pour bloquer un précédent nucléaire «dangereux».

Un organisme fédéral vient d'autoriser le transport sur le Saint-Laurent de 16 générateurs radioactifs provenant d'une centrale ontarienne.

«Le fédéral vient de créer un précédent dangereux», a lancé le porte-parole péquiste en Affaires intergouvernementales canadiennes, Bernard Drainville, à la période de questions à l'Assemblée nationale, mercredi.

Ce n'est pas au fédéral de décider ce qui va se passer sur le fleuve Saint-Laurent, mais aux Québécois, a-t-il ajouté.

«Si le fédéral veut que le Saint-Laurent soit l'autoroute des déchets nucléaires de l'Ontario, on a le droit de dire non, on a le devoir de dire non.»

Le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, a des comptes à rendre et doit faire son travail, a-t-il exigé, quand Ottawa «nous marche sur le corps, piétine nos droits» sur le fleuve.

«Par exemple, pourquoi vous n'avez pas dit: "si le fédéral l'autorise, on va décréter des audiences du BAPE"? Vous pourriez le faire, ça. Prenez tous les moyens pour empêcher ça, s'il vous plaît!»

De son côté, M. Arcand déplore ne pas avoir été consulté par Ottawa. Il a rappelé que le transport fluvial est du ressort fédéral. Mais il a indiqué qu'une alliance est en voie d'être formée.

«Le président de l'Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent discute avec nous de la possibilité de former actuellement une coalition afin de nous faire entendre du gouvernement fédéral», a-t-il précisé en Chambre.

Vendredi, la Commission canadienne de sécurité nucléaire (CCSN) a autorisé l'entreprise Bruce Power à acheminer par bateau les 16 générateurs radioactifs sur les Grands Lacs et le fleuve, à compter du printemps, en direction de la Suède, pour y être traités.

La CCSN a admis que la décision était fondée sur des renseignements transmis par Bruce Power, ce qu'a dénoncé le Bloc québécois à la Chambre des communes mercredi.

«Pour la rigueur et l'objectivité, on repassera», a déclaré avec ironie le chef bloquiste Gilles Duceppe en Chambre.

Accusé par le ministre fédéral Christian Paradis de se livrer à une campagne de peur, le Bloc a répliqué que le gouvernement du Québec, les experts internationaux et les sénateurs américains se livreraient donc aussi à une campagne de peur sur le sujet.

«Est-ce que le premier ministre réalise que la seule personne rassurée par le transport de déchets radioactifs (...), c'est son ministre? et cela n'est pas rassurant», a fait valoir Gilles Duceppe.

La députée bloquiste Paule Brunelle a pour sa part affirmé que les générateurs, qui font la taille de 16 autobus, dépasseraient jusqu'à 50 fois les normes internationales sur le transport de matériel radioactif.

La Ville de Montréal et la Communauté urbaine de Québec demandent à la CCSN de revoir sa décision. Des communautés mohawks riveraines s'y opposent également, tandis que la Fédération québécoise des municipalités en discutera jeudi. L'Union des municipalités du Québec a aussi fait part de son inquiétude.