Le ministre fédéral de l'Environnement, Peter Kent, rejette la principale recommandation de ses experts sur la manière la plus efficace pour le Canada d'atteindre ses cibles en matière de lutte aux changements climatiques.

La Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie estime que même si Ottawa a décidé d'aligner sa politique en matière de changements climatiques sur celle de Washington, cela n'empêche pas le Canada de poser certains gestes en attendant que les Américains se mettent d'accord.

Les experts mandatés par le gouvernement canadien pour le conseiller en matière d'environnement croient qu'Ottawa ne peut attendre sans broncher que les Américains sortent de leur léthargie politique.

La Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie ne conteste pas la stratégie d'Ottawa de s'aligner sur Washington. Mais en attendant que les Américains se prononcent, le Canada pourrait déjà mettre sur pied une bourse du carbone. Ainsi, le Canada pourrait au moins s'approcher de ses cibles de réduction des gaz à effet de serre, et encourager l'innovation technologique dans le secteur privé.

Toutefois, le Canada devrait s'assurer que son «prix du carbone» ne dépasse pas trop celui des Américains, afin que les entreprises demeurent concurrentielles dans le marché nord-américain.

«Cela n'est pas du tout une option envisagée en ce moment», a affirmé le ministre Kent, en entrevue à La Presse Canadienne. Il affirme qu'Ottawa a déjà mis en place des réglementations qui auront pour effet de diminuer les émissions, et qu'il y a d'autres projets dans les cartons.

«Nous avons pris la décision de travailler en fonction des réalités continentales et avec des réglementations. Nous savons que cela va fonctionner», a soutenu M. Kent. «Nous travaillons secteur par secteur pour atteindre ces cibles», a renchéri le ministre.

Selon Clare Demerse, spécialiste des changements climatiques à l'Institut Pembina, le message principal de l'étude est que le Canada n'a pas besoin d'attendre les États-Unis.

Même si l'Institut choisirait une option plus rapide pour atteindre les cibles canadiennes que celles proposées par la Table de concertation, Mme Demerse affirme que l'analyse est tout de même approfondie. Elle croit également que ses conclusions démontrent que les cibles peuvent être atteintes sans miner l'économie canadienne ou sans que le pays ne courbe l'échine devant les États-Unis.

Le porte-parole libéral en matière d'Environnement, Gerard Kennedy, soutient quant à lui que ce rapport ainsi que d'autres publications qui ont fait des recommandations similaires démontrent que les conservateurs sont déconnectés de la réalité des entreprises et du public qui réclament un environnement plus vert.