Les magasins d'électronique sont pris d'assaut à l'approche des Fêtes et les vieux appareils sont jetés en grand nombre, mais le Québec n'a toujours pas de système de récupération dans ce secteur, contrairement à la plupart des autres provinces canadiennes.

«Le Québec est presque dernier de classe au Canada», dit Perry Niro, du Conseil des entreprises en services environnementaux, responsable du premier forum québécois sur le recyclage des produits électroniques, qui a eu lieu hier. Actuellement, on récupère de 20 à 30% des produits. L'objectif est d'atteindre 70%, mais cela demande l'implantation d'un système de redevances pour financer la récupération et le recyclage des appareils. Quelques dollars seraient perçus au moment de l'achat en magasin.

Au Canada, l'Alberta a été la première province à instaurer un tel système, il y a huit ans. L'Ontario l'a fait l'an dernier, l'Île-du-Prince-Édouard cette année et le Manitoba le fera au printemps.

Au Québec, un projet de règlement a été publié en novembre 2009, mais l'Assemblée nationale doit d'abord adopter le projet de loi 88 concernant la gestion des matières résiduelles. Ensuite, il s'écoulera au moins un an avant l'entrée en vigueur du règlement. C'est dire que le système sera peut-être en place pour Noël 2012.

Entre-temps, les spécialistes réunis hier pourront continuer de débattre des avantages des différentes approches adoptées au Canada et ailleurs.

À cet égard, l'expérience ontarienne montre les risques de dérapage d'un tel système, selon M. Niro. «Il ne faut pas que la redevance de recyclage soit perçue comme une taxe, dit-il. Il faut que les gens soient bien informés des buts du système. En Ontario, il y a eu une levée de boucliers parce que les gens ont été mal informés.»

Mais même un système bien planifié peut avoir des ratés, souligne Cindy Coutts, de la multinationale Sims Recycling, qui exploite 40 usines de recyclage électronique sur la planète. Ces usines séparent les métaux des plastiques et revendent ces sous-produits à différentes industries. «Nous avions approuvé comme acheteurs plus de 50 entreprises de recyclage de plastique en Asie, sur la base de la documentation qu'elles nous avaient fournie. Mais après des visites sur le terrain, il y en avait seulement trois qui répondaient à nos critères de sécurité», a-t-elle dit.

Dans une des entreprises rejetées, les employés avaient une méthode assez particulière de trier le plastique, a indiqué Mme Coutts. «Ils étaient accroupis autour du tas de plastique déchiqueté. Ils prenaient un morceau et le chauffaient avec un briquet pour voir s'il contenait des produits ignifuges bromés. Ensuite, ils regardaient la fumée pour détecter d'autres caractéristiques du plastique. Et à la fin, ils le reniflaient avant de le classer dans différentes piles. Je ne crois pas qu'on pourrait appeler cela des conditions de travail correctes.»

Pour les fabricants, concevoir et fabriquer des produits moins nocifs et plus faciles à recycler est une question d'image et de rentabilité, selon David Conrad, responsable de cette question chez Nokia, le fabricant de téléphones finlandais. Au fils des ans, Nokia a abandonné le polychlorure de vinyle, les phtalates ainsi que les composés bromés et chlorés. En réduisant ses matériaux d'emballage, l'entreprise a économisé 200 millions.

En attendant l'instauration d'un système de recyclage au Québec, on peut toujours aller porter ses appareils dans les Écocentres, à Montréal. Les magasins Bureau en gros offrent aussi un service de récupération. Des organismes de réemploi acceptent également les appareils toujours fonctionnels.