Onze jours pour s'entendre sur la lutte contre la déforestation, l'avenir du Protocole de Kyoto, ou encore l'aide aux pays du sud... Les délégations du monde entier, réunies à Cancun (Mexique), sont entrées mardi dans le coeur des négociations sur le climat.

«Compromis»!: tel a été le mot d'ordre lancé la veille aux délégations par la responsable climat de l'ONU Christiana Figueres, lors de la cérémonie d'ouverture de la conférence.

Installées dans l'immense hôtel Moon Palace, bordé par les eaux turquoises de la mer des Caraïbes et dont les chambres avec jacuzzi ont été reconverties en bureau, les équipes ont pour mission de sceller un «paquet équilibré de décisions».

Des ambitions modestes pour donner un nouvel souffle au processus de négociation onusien, mis à mal lors de la conférence de Copenhague l'an dernier, qui avait échoué à modeler un accord global et contraignant pour lutter contre le changement climatique.

À l'ouverture de la Conférence de Cancun, États-Unis, Chine, en passant par les petits États insulaires, tous ont fait valoir leur souhait de parvenir à un accord à Cancun.

Encore faut-il que les 194 parties signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) s'entendent sur la notion d'«équilibre» du fameux paquet de décisions...

Certains sujets semblent relativement mûrs.

Il s'agit du processus REDD+, qui consiste à verser des compensations financières aux pays qui réduisent la déforestation ou la dégradation de leurs forêts, ou encore du Fonds vert, par lequel devrait transiter une partie des 100 milliards de dollars par an promis d'ici 2020 aux pays pauvres.

D'autres, pourtant cruciaux, semblent promettre plus de débats et de portes qui claquent.

Le mécanisme de vérification des efforts réalisés par les pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) est l'un d'eux.

«Je peux vous garantir que ce sera une question controversée», a déclaré mardi le négociateur en chef de la Commission européenne, Artur Runge-Metzger.

La Chine est particulièrement réticente à un regard extérieur sur ses plans climat. Mais Washington lie ses efforts en matière de réduction de GES à un contrôle de ce que fait son grand concurrent économique.

À l'ouverture de la conférence, le négociateur américain en chef Jonathan Pershing se voulait optimiste, faisant déjà état de «rencontres dans les couloirs» avec son homologue chinois.

Autre sujet épineux, et crucial pour les pays en développement: la suite à donner au Protocole de Kyoto, dont la première période d'engagement s'achève fin 2012.

«Si vous n'avez pas de décision très claire à ce sujet à Cancun, il sera impossible d'avoir de décision sur d'autres dossiers», a d'ores et déjà averti le négociateur en chef du Brésil, Luiz A. Figueiredo.

L'Union européenne a fait savoir qu'elle était «prête à considérer une prolongation du Protocole de Kyoto», qui n'engage ni la Chine et les États-Unis (40% des émissions de GES). D'autres pays comme le Canada, l'Australie ou le Japon, y sont réticents voire franchement hostiles.

Les négociations avaient à peine commencé, qu'elles butaient déjà sur des questions de procédure.

Au côté du texte officiel de négociation - environ 70 pages avec toutes une série d'options entre crochets -, la présidente d'un des forums de négociations a fait circuler un texte plus court qui répertorie les points d'accord possibles.

«Nous devons éviter que se répète ce qui s'est passé à Copenhague, à trois heures du matin, avec un document qui n'avait pas été discuté par les parties», a lancé, inquiet, le négociateur bolivien Pablo Solon, en réunion plénière.

L'accord de Copenhague avait été conclu à la hâte par une vingtaine de chefs d'État.