Plutôt que de nuire aux négociations internationales et puisque le Canada n'a rien à offrir au sommet de Cancun sur les changements climatiques, le ministre de l'Environnement, John Baird, devrait «peut-être rester à la maison», estime l'environnementaliste Steven Guilbeault.

Plutôt que de nuire aux négociations internationales et puisque le Canada n'a rien à offrir au sommet de Cancun sur les changements climatiques, le ministre de l'Environnement, John Baird, devrait «rester à la maison», estiment environnementalistes et partis de l'opposition à Ottawa.

«Depuis 2006, par son attitude face à la communauté internationale en général et face aux Nations unies en particulier, le Canada s'est lui-même rendu insignifiant dans les négociations internationales (sur les changements climatiques), a critiqué M. Guilbeault. Nous faisons partie d'un groupe de pays qui a les pires positions de négociation et qui est le moins proactif.»

Des groupes environnementalistes ont rencontré les médias mercredi, pour faire part de leurs attentes, modestes, en prévision de la Conférence des Nations unies sur le climat, qui doit s'ouvrir lundi prochain, à Cancun, au Mexique, faisant suite à l'important sommet de Copenhague, l'année dernière.

«Pour le gouvernement Harper, les changements climatiques, ce n'est pas un enjeu qui l'intéresse, ce n'est pas un enjeu dont il veut traiter, a souligné M. Guilbeault. On préfère beaucoup plus s'occuper des sables bitumineux, représenter l'industrie à l'extérieur du pays, faire pression sur la Californie, sur le Congrès américain et sur le Parlement européen pour limiter la portée de lois très progressistes en matière de changements climatiques, plutôt que de s'attaquer au problème.»

Graham Saul, du Réseau action climat, a rappelé que le Canada est «le seul pays au monde» à avoir abaissé sa cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre après le somment de Copenhague, de 20% à 17% de réduction par rapport au niveau de 2005, d'ici 2020.

«Pendant trois années consécutives, le Canada a reçu de la communauté scientifique le prix Fossile décerné au pays ayant le plus contribué à miner les efforts internationaux», a déploré M. Saul.

Les environnementalistes ne s'attendent pas à ce qu'un nouveau traité international soit signé à l'issue de la rencontre de Cancun, mais ils estiment qu'il s'agit d'une étape importante dans les négociations pour jeter les bases d'un accord contraignant dans la lutte contre les changements climatiques.

«L'urgence de la situation est toujours la même, a indiqué Clare Demerse, de l'Institut Pembina. On aimerait que ça aille plus vite. Mais on est réaliste.»

La nomination de John Baird comme ministre de l'Environnement, en remplacement de Jim Prentice, qui a démissionné début novembre, soulève aussi la grogne chez les environnementalistes canadiens, qui conservent un souvenir amer de son passage à ce ministère de 2007 à 2008.

«Cet homme n'a jamais démontré quelque intérêt que ce soit quant à l'enjeu de l'environnement en général et celui des changements climatiques en particulier», a lancé Steven Guilbeault.

Ces propos ont rapidement eu des échos jusqu'à la Chambre des communes, où même le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a jugé que M. Baird serait mieux de prendre «de petites vacances à Cancun», plutôt que d'assister aux négociations sur les changements climatiques.

«Ce serait je crois plus utile pour lui, parce que si on regarde de Copenhague à Cancun: aucune action, aucun leadership. Et pour moi, c'est une occasion perdue, a dit M. Ignatieff. Je trouve que c'est un symbole de l'inaction du gouvernement depuis quatre ans ou cinq ans sur les changements climatiques.» Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'est aussi dit en accord avec l'idée que John Baird ne devrait pas se rendre au Mexique. «Non seulement il n'a rien à dire, mais il va aller là et il va nuire», a-t-il souligné.

Le principal intéressé a assuré qu'il se rendrait sur place, en décembre, rejetant les accusations d'inaction dans le dossier des changements climatiques.

«On a un grand intérêt à avoir un accord axé sur les réductions absolues des gaz à effet de serre dans la guerre contre le réchauffement climatique.

Notre position à Cancun sera de travailler avec tous les grands émetteurs et de négocier un accord qui va diminuer les gaz à effet de serre dans tous les pays», a répondu le ministre Baird à la Chambre des communes.