La crise économique n'a pas eu l'impact espéré sur les émissions mondiales de CO2 liées à l'utilisation d'énergies fossiles, leur baisse dans les pays industrialisés ayant été contrebalancée par la forte croissance en Chine ou en Inde, indique une étude parue dimanche.

Et en 2010, ces émissions devraient repartir à la hausse, selon cette étude menée par le Global Carbon Project (GCP) -- qui rassemble plus de 30 spécialistes du climat-- publiée dans la revue Nature Geoscience.

 

Cette année, elles devraient augmenter de plus de 3% si les prévisions d'une croissance économique mondiale de 4,8% se confirment.

Cette étude est diffusée à près d'une semaine de l'ouverture de la grande conférence de l'ONU sur le climat à Cancun (Mexique, 29 novembre-10 décembre), censée rattraper l'échec de Copenhague, et poser les fondations d'une architecture efficace pour lutter contre le changement climatique.

Les émissions de CO2 liées à la combustion d'énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) se sont élevées à 30,8 milliards de tonnes en 2009, soit une baisse de seulement 1,3% par rapport à 2008, une année record.

Cette réduction a été moins forte que prévue car les grandes économies émergentes, la Chine en tête, ont poursuivi leur croissance en dépit de la crise.

«La baisse des émissions de CO2 en 2009 représente moins de la moitié de ce que l'on attendait l'an dernier», a expliqué à l'AFP Pierre Friedlingstein, professeur à l'Université d'Exeter en Angleterre, qui a dirigé l'étude.

Le GCP pensait alors que les émissions retrouveraient leur niveau de 2007.

«Ceci est dû au fait que la baisse du PIB mondial a été moins forte qu'anticipée, et l'intensité carbone (émissions mesurées par point de PIB) ne s'est améliorée que de 0,7% en 2009, bien en-dessous de sa moyenne sur plus long terme de 1,7%», a-t-il ajouté.

Aussi, les émissions de CO2 ont diminué de 11,8% au Japon, 6,9% aux Etats-Unis, 8,6% en Grande-Bretagne, 7% en Allemagne et 8,4% en Russie.

En revanche, elles ont augmenté de 8% en Chine, 6,2% en Inde, et 1,4% en Corée du Sud.

La Chine renforce donc sa position de premier émetteur mondial de CO2 (24%) lié à l'utilisation des énergies fossiles. Les Etats-Unis restent sur la deuxième marche, avec 17% du total.

Les énergies fossiles sont à l'origine de 88% des émissions globales de CO2, le principal gaz à effet de serre, dont l'accumulation dans l'atmosphère est jugée responsable du changement climatique.

En 2009, les concentrations de CO2 ont atteint un record de 387 ppm (parties par million), indique l'étude.

Dans son dernier rapport, publié en 2007, le Groupe d'experts sur le climat (Giec) estime que, pour éviter que le réchauffement climatique ne dépasse les + 2 degrés, seuil au-delà duquel un certain nombre de points de non retour pourraient être franchis, il est nécessaire de rester sous la barre des 450 ppm.

Une bonne nouvelle cependant: les émissions de CO2 liées à la déforestation ont décru, passant de 25% du total dans les années 90 à, selon cette étude, 12%.