Les poubelles des Européens débordent tous les ans un peu plus. Certes, ils les trient davantage mais, à l'occasion de la deuxième édition de la Semaine de la réduction des déchets, ils sont avant tout invités à les faire maigrir pour sauvegarder l'environnement.

Conférences, jeu de pistes pédagogiques ou ateliers sur le compostage domestique: plus de 4000 événements sont prévus à partir de samedi dans 16 pays, contre 14 l'an dernier.

 

Cette campagne de sensibilisation, soutenue par la Commission européenne, veut amener les Européens à réfléchir dès l'acte d'achat aux déchets qu'ils vont engendrer.

Car la production de déchets municipaux (ordures ménagères mais aussi déchets de l'assainissement collectif comme les boues des stations d'épuration) a presque doublé en 30 ans en Europe.

En 2008, un Européen produisait en moyenne 524 kg de déchets par an, soit 10 kg par semaine.

Et en l'absence de mesures sérieuses, ce chiffre pourrait poursuivre sa trajectoire ascendante. D'ici à 2020, l'Europe pourrait ainsi générer près de 50% de déchets en plus qu'en 1995, selon l'OCDE.

Mais tous les Européens ne jettent pas autant.

Quand un Danois produit 802 kg de déchets municipaux par an, suivi des Irlandais et des Chypriotes, un Tchèque en émet 306, un peu moins qu'un Polonais et qu'un Letton, selon les derniers chiffres disponibles (2008) d'Eurostat. Les Français occupent une place intermédiaire avec 543 kg.

«C'est évident que ce n'est pas en deux éditions de la «Semaine» que la réduction des déchets va devenir intense», reconnaît Valérie Jouvin, responsable de l'événement en France et en Europe pour l'Agence de l'environnement et de maîtrise de l'énergie (Ademe).

«C'est vraiment un travail de long terme, mais il y a quelque chose qui se met en marche», assure-t-elle.

Réduire les déchets permet d'en faire autant avec les dépenses d'énergie et la pollution.

En 2008, 40% et 20% des déchets municipaux européens finissaient encore respectivement dans des décharges ou des incinérateurs, émetteurs de CO2 et méthane, gaz à effet de serre qui contribuent au changement climatique et que l'Union européenne s'est engagée à réduire de 20% d'ici 2020.

Et si le compostage et le recyclage progressent, cette dernière méthode n'est pas non plus neutre en la matière.

À cet égard, le Parlement européen a adopté en 2008 une loi fixant une hiérarchie de modes de traitement. Dans l'ordre de priorité: prévention, réutilisation, recyclage, valorisation, et enfin, élimination des déchets.

Pour le Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cnidd), association française, cette Semaine européenne n'est pas à la hauteur des enjeux.

«On envisage la réduction des déchets comme une action citoyenne au quotidien, à faire par un certain nombre d'éco-gestes» comme boire l'eau du robinet, réduire le gaspillage alimentaire ou passer aux couches lavables, explique à l'AFP Flore Berlingen, chargée de mission au Cniid.

«Mais le problème des déchets trouve principalement sa source dans la conception des produits et dans les modèles de distribution», estime-t-elle, dénonçant en particulier «l'obsolescence programmée» des produits électriques et électroniques et prônant une TVA réduite sur les produits peu générateurs de déchets.