Le promoteur d'un projet de construction de huit éoliennes à Saint-Cyprien-de-Napierville, au sud de Châteauguay, a annulé une séance d'information à la dernière minute hier, craignant des débordements.

Le fait que le promoteur soit Kahnawake Sustainable Energies (KSE), une entreprise de la Commission de développement économique de Kahnawake, a ajouté une touche de préjugés au débat, selon Sergio Pavone, porte-parole de KSE et ancien maire de Châteauguay.

«Depuis quelques jours, KSE tente de communiquer avec les citoyens, avec l'aide de la Ville, dit M. Pavone. L'organisation se fait opposer un refus catégorique. Devant cela, on voulait informer la population directement.»

«Aujourd'hui, on devait avoir deux assemblées, et elles ont été annulées, poursuit M. Pavone. À 16h15 lundi, j'ai eu un appel du maire André Tremblay. Il m'a dit: «Ne faites pas votre assemblée, on va y aller et, vous allez voir, il va y avoir des problèmes.»»

«J'ai déjà été maire et on a eu des projets controversés, dit-il. Même si un promoteur a un projet impopulaire, il a des droits et il faut les respecter, tout comme on doit respecter les droits des citoyens. Il faut assurer la tenue d'un débat serein. Dans notre cas, la personne qui a cette charge publique refuse de jouer ce rôle.»

Le maire André Tremblay a un tout autre point de vue. Même s'il reconnaît avoir tenu des propos «un peu raides» à M. Pavone, il rejette le blâme sur KSE et son partenaire, TCI. Ce dernier, grand groupe de l'industrie électrique, avait déjà présenté deux autres versions du projet, toutes deux rejetées par la Ville.

«Quand j'ai parlé à M. Pavone, je l'ai avisé que les gens ne sont pas toujours sereins dans ces assemblées, si je me réfère à notre expérience des projets de porcherie», dit M. Tremblay.

Il dit que la population et le conseil n'ont pas apprécié de voir renaître un projet pourtant déjà rejeté. «Personne au conseil municipal n'était au courant qu'il y avait une consultation publique, jusqu'à ce qu'on voie les annonces.»

L'entrée de la communauté mohawk dans le dossier a braqué les gens pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le racisme, assure M. Tremblay. En effet, une partie de l'appel d'offres d'énergie éolienne d'Hydro-Québec est réservée aux autochtones. Dans ces cas, l'approbation des municipalités n'est pas requise.

«On a rejeté le projet de TCI et ils sont allés chercher les autochtones pour le faire passer, dit M. Tremblay. Il n'y a pas grand avenir pour ce genre de projet. Il doivent mettre les gens de leur bord.»

«Il y a un préjugé sur les autochtones de Kahnawake, affirme de son côté M. Pavone. Comment se fait-il que TCI a pu avoir plusieurs rencontres avec les élus alors que, maintenant qu'il y a une entreprise autochtone, il n'y a plus moyen d'avoir un débat?»