Un an après les frictions à Copenhague, huit mois après avoir qualifié un règlement environnemental québécois de «sottise», le ministre fédéral de l'Environnement, Jim Prentice, a enterré la hache de guerre avec son homologue québécois, Pierre Arcand.

Dans une conférence de presse donnée vendredi matin au Centre de commerce mondial, dans le Vieux-Montréal, les deux hommes ont annoncé la conclusion de plusieurs ententes et la création de groupes de travail, et ils ont minimisé les différends qui opposent leurs gouvernements depuis 2006.

Au-delà des annonces administratives, les deux ministres se sont abondamment complimentés pour cette nouvelle relation harmonieuse. Jim Prentice a souligné «l'approche dynamique et pratique» de Pierre Arcand, un homme «pragmatique» qu'il était impatient de revoir depuis leur première rencontre, au mois d'août. «Il est vrai que, dans le passé, il y a eu des différends, a de son côté déclaré M. Arcand. Mais dans l'intérêt des Québécois et du Canada, nous allons continuer de travailler ensemble.»

Un exemple concret de cette nouvelle attitude: le désaccord sur les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement Charest a annoncé à Copenhague son intention de réduire ces émissions de 20% par rapport à ce qu'elles étaient en 1990 d'ici à 2020. Pour le gouvernement Harper, l'année de référence, beaucoup moins contraignante, serait 2005. Il n'y a aucune incompatibilité entre ces deux approches, a soutenu M. Arcand en réponse aux journalistes. «Ce n'est pas une question de compétition. Il y a 10 provinces au Canada, chacune peut avoir sa cible et le gouvernement fédéral peut établir celle du pays. Nous, au Québec, nous avons la chance d'avoir misé sur l'hydroélectricité et d'être en meilleure posture.»

Les ministres ont annoncé une nouvelle entente sur le Plan Saint-Laurent, une initiative commune pour la conservation et la mise en valeur du fleuve. Un plan quinquennal pourrait être annoncé d'ici au printemps prochain.

Ils ont en outre décidé de mettre sur pied deux groupes de travail, l'un sur les urgences environnementales et l'autre sur les changements climatiques.

Le ministre Arcand a encore dû défendre la position de son gouvernement en ce qui concerne l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste, au lendemain de la publication d'un sondage qui révèle que 76% des Québécois seraient en faveur d'un moratoire. De plus, selon un quotidien torontois, deux entreprises engagées dans la prospection de gaz de schiste au Québec, Talisman et Questerre, ont décidé de reporter leurs projets, faute de rentabilité.

Mais ce n'est pas une raison pour reculer. «Il n'y a pas que ces deux compagnies-là. Ce qui est important, c'est de m'assurer qu'on fait tout ce qui est possible pour protéger la population sur le plan environnemental.» Il estime que son ministère a appliqué «au maximum» toutes les inspections qu'il est dans son pouvoir de faire, «au nom du principe de précaution».