Après avoir promis un plan canadien, puis un plan nord-américain, le ministre de l'Environnement, Jim Prentice, estime maintenant qu'il faut une entente internationale en matière de changements climatiques avant de définir un cadre réglementaire canadien.

Hier, à la sortie de la Chambre des communes, le ministre Prentice a justifié sa décision de reporter, de nouveau, l'adoption de règles contraignantes de réduction d'émissions de gaz à effet de serre pour les entreprises canadiennes en rejetant la responsabilité sur l'échec des pourparlers en vue de la Conférence internationale de Copenhague.

«L'enjeu, c'est la préparation d'une entente internationale, a dit le ministre Prentice. Pour notre système de réglementation continentale ou nationale, nous avons besoin d'une entente internationale. C'est très important en raison des implications pour notre système national.»

Or, il n'y a selon lui «pas de progrès» dans les négociations vers Copenhague.

Au comité permanent de l'environnement, qui entendait notamment des représentants de l'industrie pétrolière, hier, le député conservateur Blaine Calkins a jugé que d'adopter des objectifs clairs de réductions d'émissions - comme le prévoit le projet de loi C-311, du NPD -, serait l'équivalent de jouer au poker «en montrant ses cartes».

Une «promesse brisée»

L'argument ne tient pas la route, selon les environnementalistes et les partis de l'opposition à Ottawa.

«Tous les pays ont leurs cibles; l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande, l'Union européenne. Ils ont tous un objectif avec ou sans Copenhague, et ils ont tous dit qu'ils iraient plus loin s'il y a un accord à Copenhague», a souligné Dale Marshall, de la fondation David Suzuki.

Cette «nouvelle promesse brisée» des conservateurs illustre selon lui que le gouvernement «ne veut rien faire» pour lutter contre les changements climatiques.

«Ils utilisent le manque de progrès à Copenhague comme excuse pour ne pas avoir de plan national. Pas avoir de plan, c'est ça qui nuit aux négociations», a conclu M. Marshall.

Le critique libéral en environnement, David McGuinty, voit «une abdication de souveraineté» dans les actions du gouvernement, qui selon lui laisse d'autres pays décider du plan canadien.

Aujourd'hui, le NPD de Jack Layton déposera une motion pour forcer l'adoption rapide du projet de loi C-311, qui prévoit des cibles contraignantes de réductions d'émissions. La semaine dernière, les conservateurs, aidés des libéraux de Michael Ignatieff, ont réussi à bloquer l'adoption hâtive de ce projet de loi, jugeant qu'il méritait davantage d'analyses en comité.

Par ailleurs, le NPD a été contraint de se dissocier, hier, d'une manifestation qui a tourné au vinaigre, la veille, alors que des militants environnementalistes ont perturbé la période de questions, avant d'être escortés par les forces de l'ordre à l'extérieur du parlement. C'est que l'un des leaders de la manifestation, Joe Cressy, est membre de l'exécutif du NPD dans la circonscription du député d'Ottawa-Centre, Paul Dewar, amenant les conservateurs à suggérer l'implication des néo-démocrates de Jack Layton.

«On n'est pas associés à la manifestation, a assuré M. Layton. M. Harper veut probablement suggérer que c'est le cas, mais ce n'est pas la vérité.»

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