Le premier ministre Jean Charest a vanté, lundi, à New York, le rôle de leader du Québec dans la réduction des émissions de carbone, mais a esquivé la question délicate des gaz de schiste.

M. Charest était un des conférenciers invités à l'ouverture de la Climate Week NYC, un sommet international portant sur l'environnement.

«Nous sommes là pour répondre à l'appel de ceux qui croient que l'avenir réside dans une économie où les émissions de carbone seront réduites», a-t-il lancé aux quelques centaines de représentants et délégués à l'ouverture du sommet, dans le Celeste Bartos Forum, une vaste salle ornementée de la bibliothèque municipale de New York.

Il a défendu sa décision de passer sous silence ce dossier controversé, qui alimente les critiques contre son gouvernement.

«Ce n'est pas le forum pour un sujet comme celui-là», a-t-il argué dans un point de presse après la fin des discours.

«Le sujet est beaucoup plus vaste et général, c'est-à-dire toute la question des réductions des gaz à effet de serre, de la nouvelle économie. The Climate Group (l'organisme à l'origine du sommet) s'est fixé comme mission, avec les gouvernements et le secteur privé, de développer la nouvelle économie sans carbone. Et le Québec s'inscrit tout à fait là-dedans.»

Quand il a été relancé sur le fait que le sommet abordait justement les questions d'énergie propre et de réduction des émissions de carbone, il a de nouveau justifié sa décision de ne pas en parler.

«Il faut faire bien attention: tout ce que l'homme fait sur la planète a un impact sur l'environnement, tout, que ce soit le gaz, l'hydro-électricité, le pétrole, a-t-il répliqué. Le vrai débat, c'est comment nous devons minimiser l'impact sur l'environnement.»

Il a ajouté que la consommation de gaz naturel issu du schiste du Québec, serait «un gain», par rapport à l'importation de gaz de l'extérieur.

Par ailleurs, il a fustigé le rôle du gouvernement conservateur dans la lutte aux changements climatiques, en justifiant par la même occasion la participation du Québec à la Climate Week.

«Et le gouvernement américain et le gouvernement canadien n'ont pas été, au cours des 10 dernières années, à la hauteur de ce qu'on espérait. On aurait voulu qu'ils en fassent davantage. Alors beaucoup de leadership est venu des États américians et des provinces canadiennes.»

Il soutient qu'il faut poursuivre ce leadership et faire pression sur le gouvernement fédéral.

M. Charest a également été questionné sur la commission Bastarache, plus précisément sur le rôle de l'influent libéral Charles Rondeau, qui est allé une vingtaine de fois au cabinet du premier ministre en 2003 pour discuter de la nomination des juges.

Quand on lui a demandé s'il avait rencontré M. Rondeau, M. Charest a tout simplement répondu qu'il ira témoigner à la commission cette semaine.

À la conférence inaugurale, M. Charest partageait la tribune avec d'autres dignitaires, dont le prince Albert de Monaco ainsi que le financier et philanthrope George Soros.

Le modérateur, Steve Howard, président du The Climate Group, a présenté le premier ministre du Québec comme «un partenaire de longue date», depuis le sommet de Kyoto, où il dirigeait alors la délégation canadienne.

M. Howard a souligné qu'il est possible de réduire les émissions de gaz à effet de serre, si un financement approprié est accordé aux projets. Il a aussi indiqué que, déjà, une proportion importante de l'énergie consommée en Europe est de source renouvelable.

Pour sa part, la secrétaire exécutive du Fonds des Nations unies sur les changements climatiques, Christiana Figueiras, a déclaré que les inondations au Pakistan et en Chine, ainsi que les incendies en Russie, ne sont pas des preuves irréfutables des changements climatiques, mais donnent un avant-goût des défis qui confronteront le monde.

La Climate Week vise à mobiliser autant l'entreprise privée que les gouvernements afin de réagir aux changements climatiques.

En matinée, M. Charest a rencontré le gouverneur sortant de l'État, David Paterson.

Selon un haut-responsable de l'équipe de M. Charest, cette rencontre était importante pour maintenir les rapports entre le Québec et son puissant voisin, dans l'optique d'une passation des pouvoirs prévue cet automne, après l'élection d'un nouveau gouverneur. Ils ont échangé sur l'énergie et le projet de train à grande vitesse, notamment.

Également, le premier ministre a déjeuné avec un représentant du Wall Street Journal. Ils ont discuté de la situation économique au Québec, du redressement des finances publiques, etc.

Le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, a accompagné M. Charest à la Climate Week. Il est intervenu au cours d'une table ronde sur les véhicules électriques.

En début de soirée, il devait représenter le gouvernement du Québec à une réception donnée en l'honneur du dramaturge Robert Lepage.

L'homme de théâtre québécois signe la mise en scène de l'opéra L'or du Rhin de Wagner, qui prendra l'affiche au Metropolitan Opera de New York.