Les opposants à l'industrie du gaz du schiste auront un forum pour s'exprimer: Québec a mandaté le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) de tenir des consultations sur le sujet en vue de l'adoption d'un projet de loi, le printemps prochain.

D'ici là, le gouvernement n'imposera aucun moratoire sur les permis de forage, au grand désespoir de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.

Lors d'une conférence de presse perturbée par les protestations des citoyens, le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, a annoncé hier la tenue d'audiences publiques au Parc national du Mont-Saint-Bruno.

«Je veux que le Québec développe une expertise propre à son contexte, a déclaré M. Arcand, qui était accompagné de la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Nathalie Normandeau. Je veux qu'on me propose les orientations les plus précises possible afin d'assurer un développement respectueux de l'environnement, sécuritaire et durable de cette industrie.»

Le président du BAPE, Pierre Renaud, tiendra les consultations dans les trois régions concernées par l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste, soit la Montérégie, la Chaudière-Appalaches et le Centre-du-Québec. Il devra remettre son rapport au gouvernement d'ici le 4 février 2011.

Après avoir analysé le rapport et les recommandations de trois groupes de travail, le gouvernement entend déposer un projet de loi sur les hydrocarbures le printemps prochain afin d'encadrer l'industrie.

«D'ici là, je vous rappelle que les activités de l'industrie vont continuer à être encadrées par les lois et les règlements existants», a précisé le ministre Arcand.

Ce commentaire a suscité les protestations des citoyens venus assister à la conférence de presse. Plusieurs brandissaient une pancarte rouge sur laquelle on pouvait lire: «Non au gaz de schiste, un moratoire dès maintenant».

Dominique Neuman, conseiller juridique de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), estime que l'action du gouvernement est insuffisante. L'AQLPA réclame un moratoire immédiat sur tout permis de forage.

«L'aspect forage est déterminant, parce que c'est là que se trouvent les principaux impacts environnementaux non contrôlés», a-t-il dit au terme de la conférence de presse. Il précise que, lors du forage, des fuites peuvent répandre des eaux contaminées dans le sol et dans les nappes phréatiques.

«Il s'écoulera au moins un an avant que de nouvelles règles soient en vigueur, a-t-il déploré. L'industrie a publiquement annoncé qu'elle prévoit 50 plateformes de forage par année. Ces forages se poursuivront donc dans le contexte actuel de la quasi-absence de règles.»

L'AQLPA déplore que, contrairement aux autres acteurs industriels, les compagnies minières n'aient pas besoin d'obtenir de certificat d'autorisation du ministère de l'Environnement avant d'entreprendre le forage. Elle réclame d'ailleurs un amendement à la loi.

De leur côté, la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et l'Union des producteurs agricoles ont accueilli favorablement la tenue d'une consultation publique.

«Cette annonce confirme que les préoccupations exprimées par la FQM étaient et sont plus que jamais légitimes», a déclaré le président de la FQM, Bernard Généreux.