Des experts canadiens et américains mettent en garde contre une possible fuite d'un oléoduc dans les Grands Lacs et estiment que les conséquences économiques et environnementales seraient énormes.

La Commission mixte internationale, qui supervise les eaux partagées par les États-Unis et le Canada, indique que les lacs sont menacés par des procédures de surveillance laxistes et une mauvaise communication entre les deux pays.

Ces problèmes laissent le vaste bassin d'eau potable vulnérable à des déversements importants de produits chimiques comme du pétrole brut, des hydrocarbures et du chlore, préviennent les experts. Au total, ce sont près de 40 millions de personnes qui pourraient en être affectées.

«Nous conseillons fortement aux gouvernements - et cela inclut les gouvernement provinciaux et fédéraux - de mieux saisir la viabilité de ce vaste réseau d'oléoducs», a déclaré à La Presse Canadienne la directrice américaine de la commission, Lana Pollack.

«Nous savons qu'il y a matière à ce que le gouvernement et le public s'inquiètent de la situation.»

Mme Pollack et son homologue canadien, Joe Comuzzi, ont envoyé ce mois-ci une lettre au ministre des Affaires étrangères, Laurence Cannon, ainsi qu'à la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, les pressant d'agir selon les recommandations proposées en 2006 dans un rapport sur les déversements dans les Grands Lacs.

Le rapport offre six recommandations pour les deux gouvernements, recommandations qui amélioreraient la gestion et la coopération du vaste bassin d'eau partagé, et qui augmenteraient les capacités de détection des déversements, en plus de clarifier la législation entourant les compensations pour les coûts de nettoyage des déversements majeurs.

La commission souligne que le récent déversement de brut dans la rivière Kalamazoo, au Michigan, soulève des questions concernant la sécurité et l'intégrité du vaste réseau d'oléoducs sillonnant l'Amérique du Nord.

«Il s'agit d'un drapeau rouge, et c'est un euphémisme», a déclaré Lana Pollack.

Les résidants de huit États américains et de deux provinces canadiennes puisent leur eau dans les lacs Huron, Érié, Ontario, Supérieur et Michigan. Les lacs sont également importants au point de vue économique, faisant gagner des milliards à l'industrie touristique, en plus d'aider à fournir 25 pour cent de la production agricole canadienne.

Mme Pollack soutient que le nombre de juridictions est tel dans la région des lacs qu'il s'est créé un enchevêtrement de systèmes de régulation qui ne protègent pas adéquatement les entreprises, les individus et l'environnement.

«Il y a l'idée que «quelqu'un d'autre va s'en charger», a-t-elle lancé. Une responsabilité partagée ne devrait pas être une excuse pour une entité de se défiler de ses obligations.»

Le Conseil national de l'énergie, un organisme canadien, supervise 103 segments d'oléoducs dans un rayon d'un kilomètre des Grands Lacs qui sont reliés à divers cours d'eau et au fleuve Saint-Laurent.

Ces segments - dont plusieurs font partie du même réseau d'oléoducs - transportent du gaz naturel, du pétrole brut, des gaz liquéfiés, du carburant pour avion, du diesel, du propane et du butane.